Par quels petits signes une révolution commence-t-elle ?

« L’autorité qui ne conduit pas à l’ordre mène au ridicule » A. Malraux

Oui, par quels petits signes une révolution commence-t-elle ?

Par la Bretagne et sa filière agro-alimentaire en complet délabrement ? Pourquoi pas ? Par les réactions à l’expulsion de la lycéenne Kosovare, ce qui est en train de devenir « L’Affaire Léonarda », en attendant ses développements possibles avec le livre (« Moi, Léonarda, 15 ans, expulsée de France ! »), le T-shirt (« I Like/Love Leonarda »), la comédie musicale, l’opéra, le film (« Leonarda’s Burden » ou « Leonarda. The Fight for Freedom », avec sur l’affiche les mentions usuelles : « Inspiré d’une histoire vraie », « Le combat bouleversant d’une jeune fille pour la reconnaissance des Droits de l’Homme », j’hésite encore pour le titre), sans compter la perspective, qui sait ? d’une future Palme d’Or à Cannes, dans la catégorie « Un certain regard ». Il existe aussi une variante possible (top !), relayée (Malala-like) par l’allocution de l’intéressée à la tribune des Nations Unies, à New-York, (Breaking News Updates ! Latest New Headlines !) expliquant sa vie d’une voix larmoyante à l’honorable Assemblée (vous savez bien, « We, the Nations … »). Sans oublier, naturellement, dans les rues, les manifestations et les calicots poussant au « French bashing » : « Give Leonarda a Chance ! », « Down with Valls ! », « Shame on You ! Socialists ! », ou en France, à Paris, bientôt, avec une typographie finale revisitée « VallSS, t foutu !On est dans la rue ! » , « Leonarda et Katchatryan, même combat ! »etc. (L’actualité se complique des réactions à l’expulsion vers l’Arménie d’un autre lycéen, M. Katchik Katchatryan.

http://www.lesechos.fr/economie-politique/politique/actu/0203073393544-affaire-leonarda-manuel-valls-assure-qu-il-est-de-gauche-618708.php

Oui, par quels petits signes une révolution peut-elle bien commencer ?

Peut-être bien par la multiplication de ces signaux faibles dont l’accoutumance empêche de mesurer l’amplitude et l’amplification graduelle.

La situation économique, par exemple, et sa dégradation continue. Les USA sont sauvés ! Si l’on veut…

Albert O. Hirschmann est décédé en laissant une feuille de route géniale.

Quel regret que les Bouvard et Pécuchet qui ont en charge le présent (Aïe !) et l’avenir de la France (Aïe !Aïe !Aïe !) n’aient pas le temps de lire et de réfléchir, ce qui leur éviterait de se prendre quotidiennement les pieds dans tous les plis du tapis.

Lisez ceci, voulez-vous ? Un article dans lequel les auteurs (Cyril Ferraton et Ludovic Frobert) expliquent (je cite) comment « la théorie économique doit à Albert O. Hirschman l’enrichissement de la notion d’« acteur rationnel », dont il a montré les capacités de délibération propres à promouvoir le développement d’une société démocratique de marché. Portrait d’un économiste contestataire et activiste ».

http://www.laviedesidees.fr/Albert-Hirschman-un-temperament.html

Lisez encore cela : « Changer l’Europe ! », rédaction conjointe des Economistes atterrés.http://www.editionslesliensquiliberent.fr/f/index.php?sp=liv&livre_id=78

que vous pouvez écouter ici avec la recension et les commentaires passionnants qu’en donne une version radiophonique :

http://www.franceculture.fr/oeuvre-changer-l-europe-de-les-economistes-atterres

Alors, par quels petits signes une révolution commence-t-elle ?

Simplement, par un étalage constant de reculades et de faiblesses devant l’événement, faute d’un pouvoir réel et d’un Etat fort.

Le Premier ministre distribue en catastrophe une enveloppe financière à la filière agroalimentaire bretonne naufragée en annonçant un « pacte d’avenir ». Voyez dans quelle ambiance http://www.europe1.fr/Economie/Crise-en-Bretagne-ce-qu-a-promis-Ayrault-1677123/ et surtout comment les lecteurs du quotidien Le Télégramme, donnent leur avis sur la question (de quoi donner des sueurs froides au Préfet de Région).

http://www.letelegramme.fr/ig/gener...

Alors voilà ce qui pourrait bien se passer :

Léonarda va certainement revenir en France, avec sa famille. Ils auront tous reçu des papiers.

« J’aime la France de Voltaire et de Victor Hugo », dira Léonarda. Et il y aura une fête dans son Lycée. Avec des photos dans le journal. Et les lycéens qui sont dans la rue retourneront (peut-être) dans leurs établissements.

« Le président de la République incarne un certain nombre de valeurs ; c’est à lui de juger si son ministre de l’Intérieur est conforme aux engagements et valeurs de la gauche ou pas », a déclaré M. Noël Mamère à l’AFP. 

Il retarde d’un train.

M. Valls, lui, ne démissionnera pas. Enfin, peut-être pas.

Le Président ? On en reparlera bientôt. N’ayez crainte.

E la nave va…