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4 octobre 2013

Bouvard et Pécuchet. Deuxième Lettre ouverte à M. François Hollande

 

 

 

Cabinet du président de la République française

Monsieur le secrétaire général de l’Elysée

Aux bons soins de Monsieur Pierre-René Lemas          

                                                                                              Le 04 octobre 2013

 

« Si les historiens n'étaient pas des enfants, ils comprendraient que ce n'est pas une petite affaire que de prononcer ces mots : un siècle, un pays. »

(P. Valéry, Les principes d'anarchie pure et appliquée)

 

 

Monsieur le Président,

 

Le Commissariat général à la stratégie et à la prospective (CGSP) vient donc de publier sa contribution au séminaire gouvernemental d’août dernier ayant pour objet de répondre à une interrogation majeure : « Quelle France dans dix ans ? »

« La mondialisation de l’économie est incontournable », a-t-il conclu, laissant ainsi la fugace impression, certes, au terme d’une puissante réflexion, d’avoir redécouvert le fil à couper le beurre.

Pendant ce temps en effet, à Bali, les nations d’Asie-Pacifique se préparent à ouvrir et négocier ce week-end (du 5 au 07 octobre 2013) les chapitres d’un pacte commercial historique, prélude à un nouveau « Bandoeng » économique dont personne ne semble vraiment prendre la dimension dans un pays mal gouverné, travaillé par des dissonances politiques qui n’ont à mes yeux que trop duré.

C’est que nous avons un pays, le nôtre, la France, qui ne peut plus vivre avec les personnages de Bouvard et Pécuchet à sa tête. Ne voyez là aucune critique de ma part, Monsieur le Président, mais bien un pénible constat. Aurais-je l’honneur de travailler avec vous au service de la France que ma franchise à votre égard serait la même.

 

Que lit-on en ce moment ? 

« Pour éviter « l’étrange défaite de la France d’aujourd’hui », écrit Edouard Tétreau dans le quotidien Les Echos du mercredi 2 octobre 2013. 

« Impôts : la révolution s’impose ! » développe pour sa part Christian Saint-Etienne dans la livraison du Figaro du samedi 2 octobre, posant l’impérieuse nécessité de sortir le pays de son immobilisme et d’enrayer sa désindustrialisation.

Qu’entend-t-on ? Un plein emploi est-il possible ? Assurément, comme le démontre brillamment Bernard Martinot dans son essai plus que jamais d’actualité intitulé : « Chômage : comment inverser la courbe ? » (éd. Manitoba / Les Belles Lettres).

Que constate-t-on ? Que « Le modèle français est atteint en profondeur  », comme l’explique de son côté en des développements lumineux Pierre Nora dans son ouvrage intitulé : « Recherches de la France », qui vient de paraître chez Gallimard. Nul doute que vous avez eu connaissance des ces articles ou de tous ces ouvrages qui décrivent à l’envi les turbulences qui travaillent notre pays, l’Europe et le monde.

Monsieur le Président, mon propos vient cristalliser ces interrogations.

La France et sa société sont en perdition. Il est urgent que vous mettiez un coup d’arrêt aux dérives qui sont en train de conduire le pays à l’explosion d’une guerre économique, politique, ethnique, sociale en adoptant d’urgence le mode de gouvernance que chaque citoyen est en droit d’attendre du chef de l’Etat : un cap et un équipage. Or nous en sommes loin, le temps nécessaire à la prise en main de l’appareil d’Etat n’étant plus une excuse et laissant apparaître une succession de cafouillages inacceptables.

L’action du Gouvernement et de son chef ayant aujourd’hui perdu toute autorité et toute crédibilité, ce qui ne vous laisse pas indemne, une décision urgente s’impose désormais au vu des difficultés d’une situation que l’équipe actuelle n’a manifestement pas les capacités de surmonter, minée qu’elle est en outre par de piètres chicayas idéologiques et partisanes qui fragilisent la cohésion nationale et exaspèrent les attentes de chacun.

 

La route choisie est une impasse qui conduit à l’effondrement :

 

-Politique économique ? Ecoutez je vous prie ce que vous dit par exemple Jacques Sapir, lisez Paul Jorion, et plus particulièrement l’excellent essai de Jean-Michel Naulot intitulé : « Crise financière : pourquoi les gouvernements ne font rien  » (Seuil).

-Politique fiscale, sociale, qu’il s’agisse d’assiette fiscale, de protection sociale, de retraites, la situation est simple : le consentement à l’impôt s’effrite, ce qui constitue le danger le plus marquant qui soit.

-Immigration, intégration, naturalisations ? Le corps national tout entier se cabre dans un rejet fondamental de l’islamisation vécue comme élément allogène irréductible à l’identité de la France.

-Justice et politique pénale ? Est-il besoin d’insister sur un fossé béant entre les citoyens et la perte de confiance qu’ils marquent pour une institution qui a failli dans sa mission d’assurer la protection de chacun dans sa personne comme dans ses biens.

-Education nationale ? Il est urgent de revenir à l’Instruction publique tant sont ébranlées les fondations destinées à instruire les générations présentes et futures.

-Diplomatie ? Il m’est pénible de voir un tel étalage de trompeuses espérances ainsi qu’une appréciation aussi erronée du contexte géopolitique débouchant sur un échec diplomatique cuisant et la perte de toute crédibilité sur la scène internationale.

Réalisez-vous, Monsieur le Président, que s’ils avaient dû travailler en entreprise, la plupart des membres du Gouvernement qui vous secondent eussent été pour beaucoup d’entre eux remerciés au bout de trois semaines pour…insuffisance professionnelle ?

Celle-ci est devenue patente.

Préfrez-vous réagir tant qu'il en est encore temps ou prendrez-vous le risque - malgré de multiples signaux très faibles mais significatifs - d'une interruption subite d'un processus économique dont nous savons assurément que les conséquences seront dramatiques ?

Le temps est donc venu de remédier à cette situation, ne serait-ce que pour vous préparer à prendre la vague du tsunami que vont représenter concomitamment les désastres consécutifs aux défauts souverains désormais inéluctables du Dollar et de l’Euro (voyez les déclarations de M. Jens Weidmann ou de M. Sarton du Jonchay) et la Bérézina des prochaines élections municipales et européennes.

Verriez-vous quelque inconvénient, Monsieur, à ce que nous examinions ensemble quelques thèmes qui ont chacun leur importance, à des degrés différents, relatifs à la zone Euro, à l’accord de libre échange transatlantique dont le deuxième « round » de négociations s’ouvre lundi prochain à Bruxelles, au Front National, à l’islamisation, à la diplomatie de notre pays, aux relations de la France avec les Etats-Unis d’Amérique, la Fédération de Russie, la République islamique d’Iran ?

Ayant trouvé le temps de recevoir récemment une équipe sportive valeureuse, il me serait agréable que vous me receviez aussi personnellement, ce qui vous permettrait d’écouter avec beaucoup d’intérêt – je puis vous l’affirmer –, ce que devrait être en tant que nouveau Premier ministre la détermination et la conduite par mes soins de la politique de la Nation.

Je vous ai déjà écrit le 8 avril dernier. Six mois sont écoulés et le moment est venu de m’accorder l’audience sollicitée. Dans le cas contraire, épargnez-moi, voulez-vous, la lettre de convenance de votre Cabinet m’expliquant fort civilement que ma correspondance a bien été lue et éludant ma demande.

Il ne tient qu’à vous de faire un choix, Monsieur le Président. Le meilleur choix qu’imposent le contexte actuel et une multitude de facteurs. La France attend, et à ses côtés, cinq cent dix millions d’habitants qui scrutent notre pays et attendent aussi. Rencontrons-nous. Je suis prêt.

Je vous prie d’agréer, Monsieur le Président, Monsieur le Secrétaire général de l’Elysée, l’expression de mon profond respect.

Renaud Bouchard

 

Annexes

Jean-Michel Naulot, « Crise financière : pourquoi les gouvernements ne font rien » (Seuil).

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