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Allo! DME! Dix millions d'électeurs! Renaud Bouchard -2017-2022
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2 mai 2013

Un front contre le Front : extraire la racine du mal et aseptiser

« Le FN, produit endogène des alternances sans alternative ».

« La montée du FN n’est pas autre chose que le cumul en longue période de ces échecs répétés de la représentation, le produit endogène des alternances sans alternative qui pousse, assez logiquement, les électeurs à aller chercher autre chose, et même quoi que ce soit, au risque que ce soit n’importe quoi. »

 

F. Lordon

 

Il est curieux de voir qu’au moment où la pensée de la philosophe Hannah Arendt finit par acquérir une certaine notoriété avec la vulgarisation de concepts tels que celui de la « banalité du mal », personne ne se soucie franchement de mettre un terme, voire de décider d’enrayer la marche vers le pouvoir d’une coalition partisane telle que le Front National. Il ne se passe pas un jour sans que son chef soit interrogé, reçu, longuement questionné à tout propos dans les média nationaux. Banalisation d’un supposé parti politique dont on envisage sans ciller qu’il puisse, non seulement concourir aux prochaines élections présidentielles, mais encore les gagner, l’idée étant que face à la décrépitude et aux décombres des deux ex-partis de gouvernement que sont le PS et ce qu’il reste de l’UMP, le Front National accèderait à la présidence de la République et mettrait en place son programme, hypothèse  dont on ne peut sérieusement accepter ni même imaginer qu’elle puisse se concrétiser quand bien même ledit Front serait arrivé en troisième position à l’issue du premier tour de l’élection présidentielle avec 17,9 % des suffrages, derrière Nicolas Sarkozy (27,18%) et François Hollande (28,63 %).

 

C’est qu’en disant les choses très clairement, le Front National, quand bien-même représenterait-il une sensibilité politique et sociale du pays - ce qui est indéniable – n’est en rien un parti politique mais constitue au contraire une ligue de factieux, antirépublicaine et antiparlementaire – « un poison pour la  République et la démocratie  (qui renoue) avec la tradition d’extrême-droite d’avant-guerre sociale-nationaliste », comme l’a déclaré le Sénateur David Assouline, porte-parole du PS), incarnation d’un ordre aux aspirations obsolètes qui n’a pas sa place dans la prise en mains d’un appareil d’Etat comme celui de la France.

 

Voilà malgré tout que  l’on envisage sereinement , comme la presse s’en fait l’écho, la possibilité que le FN grignote les territoires abandonnés et remporte une base électorale locale avec les prochaines élections municipales pendant qu’éclatent ailleurs les vociférations et les cris de joie des partisans et opposants du mariage pour tous, les affaires patrimoniales d’un gouvernement d’indigents (à l’exception de quelques personnes plus fortunées), les tentatives d’installer un aéroport dont personne ne veut, les escarmouches d’un ancien parti de gouvernement à la ramasse qui tente de survivre en saisissant toutes les occasions qui passent à sa portée et, depuis peu, les dissensions entre deux partenaires économiques majeurs de l’Union européenne, dont l’un, en mauvaise santé, aimerait bien interrompre le traitement médical que  l’autre lui prescrit sans voir que s’aggrave son malaise.

 

Fidèles à leurs bonnes vieilles habitudes, les machineries partisanes et gouvernementales croisent donc le fer dans des guerres picrocholines auxquelles il va bientôt falloir mettre fin en imposant un ordre politique tout entier orienté vers une restauration économique, politique et sociale dans laquelle les prurits et exémas d’extrême-droite n’ont pas leur place.

 

Si la force du FN réside dans sa capacité à se nourrir du vide politique et de la désespérance d’une partie de la population qui trouve avec lui les thèmes les plus évidents pour agréger toutes les crises, il n’est pas sûr pour autant que cette emprise ne puisse pas être battue en brèche, contrée et anéantie par la mise en place d’une force politique nouvelle capable de transcender les mots d’ordre à base de « La France, tu l’aimes ou tu la quittes !- Français d’abord – Ni kebab ni burger, vive le jambon-beurre ! - Non aux magnats de la haute finance, à leurs serviles valets de la banque centrale de Francfort ou de la Commission européenne ! », sans omettre naturellement la mise en cause de « la mondialisation sauvage » ou le couplet de « l’islamisme fondamentaliste », non  que ces préoccupations ne posent de sérieuses questions et réelles auxquelles il doit être répondu, mais certainement pas en utilisant le prisme d’un électorat aussi malade que le parti dans lequel il se reconnaît.

 

Car c’est bien d’une pathologie sévère dont il s’agit  avec un FN qui est le symptôme d’une société gravement affectée qu’il importe de soigner, comme il importe de soigner l’électorat dudit FN en substituant au poison qu’il absorbe et à l’atmosphère délétère dans laquelle il vit, dont il se nourrit et dans laquelle il se complaît, un médicament et un milieu propices à une guérison et à un épanouissement dans un univers différent, sûr tant économiquement que socialement.

 

En réalité la solution est très simple dès lors que l’on prend un peu de recul et que l’on constate comme le fait Alexandre Zédé, Maître de conférences en sciences-politiques à l’université Montpellier- I, « que la dédiabolisation du FN relève surtout aujourd’hui du mirage sondagier et médiatique », au point que « depuis deux ans, ajoute-t-il, une véritable fiction s’est construite autour d’un « FN banalisé », alors même que l’organisation, la stratégie, le programme, l’électorat ou la base militante du parti n’ont pas changé. »

 

Peu importe l’idée d’un  FN  normalisé si l’on garde à l’esprit que finalement « ce n’est pas tant ‘l’avenir du FN qui devrait nous préoccuper mais bien plutôt l’avenir de dirigeants qui utilisent ce parti comme machine de guerre politique à la conquête de remparts idéologiques désertés, en se basant sur les remblais de ses idées d’extrême-droite qui lui servent de marche-pied et/ou de socle, et ce malgré l’apparente incongruité des idées proposées.

Le NSDAP d’Hitler avait lui aussi à ses débuts des orientations et des origines rivales (urbaine/rurale, racisme/socialisme, …), ce qui n’a pas empêché une unification politique par le primat de l’idéologie. »

 

« La montée du FN, comme l’écrit F. Lordon, n’est pas autre chose que le cumul en longue période de ces échecs répétés de la représentation, le produit endogène des alternances sans alternative qui pousse, assez logiquement, les électeurs à aller chercher autre chose, et même quoi que ce soit, au risque que ce soit n’importe quoi. »

 

C’est précisément à ce « n’importe quoi » que j’entends substituer du solide et du constructif dans un programme complet de Réarmement de l’Etat, de l’économie, de la société et de toutes ses composantes pour rebâtir du solide, écarter les chimères politiques et assécher ce FN qui « est au milieu du gué, dans l’attente de la vague qui viendra, ou pas. »

 

Cette vague ne viendra pas car elle rencontrera un brise-lames.

 

Comme l’écrit Michel Leis, « Il reste un peu moins de quatre ans pour faire émerger une organisation capable de fédérer les idées et un tribun capable de les porter. Le cas Grillo montre que l’émergence d’un tel mouvement dans un délai aussi court n’est pas impossible, mais il doit dépasser le cadre d’un simple rassemblement de mécontents. 2017 se joue déjà maintenant. »

 

Lorsqu’on se bat, on court le risque de gagner. En ne se battant pas, on a déjà perdu. Et vous, où vous situez-vous ?

 

 

 

 

Références et bonnes feuilles:

 

 

Bernard Stiegler, Pharmacologie du Front national,  suivi du Vocabulaire d'Ars Industrialis, de Victor Petit, Flammarion, 456 p., 23 €. 

 

Philippe Petit, Les intellectuels face au FN, Mercredi 27 Mars 2013 

http://www.marianne.net/Les-intellectuels-face-au-FN_a227455.html

 

 

LE PIRE N’A RIEN D’IMPOSSIBLE, par Michel Leis.

20 AVRIL 2013

Le pire n’a rien d’impossible, par Michel Leis, 20 avril 2013

http://www.pauljorion.com/blog/?p=52677

 

 

TODD OU STIEGLER, OU LES DEUX ?, par zébu

20 AVRIL 2013

Todd ou Stiegler, ou les deux ? par Zébu, 20 avril 2013

http://www.pauljorion.com/blog/?p=52662

 

Pour une rectification méthodique des mésusages médiatiques du « populisme » et un rappel des significations véritables de ce terme, voir Annie Collovald, Le « populisme du FN » : un dangereux contresens, Editions du Croquant, 2004, avec une note de lecture intéressante :

http://www.lestempsnouveaux.net/spip.php?article42

 

 

Frédéric Lordon, Front national : mêmes causes, mêmes effets…, La pompe à phynance, Le Monde Diplomatique, mercredi 2 mai 2012.http://blog.mondediplo.net/2012-05-02-Front-national-memes-causes-memes-effets

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