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27 août 2008

Géorgie/Kosovo, miroir géopolitique d’une Europe malade de ses frontières.


On lira avec intérêt ces pistes de réflexion qui conduisent à la seule conclusion qui vaille : de l’Europe à l’Eurasie, c’est-à-dire à cette charnière que constitue le Caucase, seule une véritable Union européenne, forte, confiante, sûre d’elle, disposant d’institutions lisibles et d’une unité de commandement indiscutable, soutenue par une population qui s’y reconnaîtra pleinement comme source de paix et de prospérité, sera à même d’imposer son existence et son intangibilité à ces acteurs politiques (Russie, USA) qui lui empoisonnent la vie et qui ne deviendront des alliés à part entière qu’à partir du moment où ils ne seront plus que de véritables partenaires privés de toute capacité d’ingérence économique, politique et militaire dans les affaires qui concernent l’Union et elle seule.

Les cicatrices des nations. L’Europe malade de ses frontières, de Salomé Zourabichvilli, éditions Bourin, 180 p., 19 €.

Où l'on voit que l’élargissement de l’Europe est sans discussion possible le moyen de surmonter une impasse géopolitique critique: élargissement avec la Turquie, bien sûr, mais aussi la Géorgie, la Bulgarie, la Roumanie, cousines , ainsi que l'écrit S. Zourabichvilli, « par ce passé commun de servitude communiste qui nous relie toujours comme les souffrances partagées rapprochent les anciens prisonniers ».

Madame Salomé Zourabichvilli, ancienne ambassadrice de France et ancien ministre des Affaires étrangères en Géorgie.

On se reportera aussi à un ouvrage de référence sur les questions de voisinage de l’UE, sous la direction de Jacques Rupnik, intitulé : Les banlieues de l’Europe, aux Presses de Sciences Po (250 p., 12 €).


On ne manquera pas non plus de réfléchir sur la pertinente grille de lecture appliquée à la question démocratique en Russie en se reportant à l'intéressante contribution de Marlène Laruelle, "Démocratie à la Russe", publiée dans le  N,° 100 - Août-Septembre 2008 du Bimestriel Manière de voir, Le Monde diplomatique.


On se reportera à l'excellente étude, prémonitoire, de Serge Sur (Centre Thucydide - Université Paris II Assas), intitulée:

Serge Sur, « Le recours à la force dans l’affaire du Kosovo et le droit international », Les Notes de l’IFRI, n° 22,2000.

 

On lira l'entretien avec Vytautas Landsbergis, député du Parti populaire européen et des Démocrates européens au Parlement européen, vice-président de la Délégation aux commissions de coopération parlementaire UE-Arménie, UE-Azerbaïdjan et UE-Géorgie, et ancien président lituanien. Où l’on voit ce qu’est une politique de voisinage intelligente menée par des acteurs pleinement conscients de ce que représente leur intégration à l’UE face à une puissance, la Russie, qui, à l’instar des USA,  pour paraphraser George Kennan, "n’a pas d’amis mais ne reconnaît que des vassaux ou des ennemis."

 

«Jusqu’où l’Union européenne est-elle prête à s’engager dans la région du Caucase ? Comment les pays Baltes peuvent-ils influencer, de l’intérieur, la politique étrangère européenne ?

L’Union européenne hésite encore. Elle est réticente à s’engager plus fermement dans la région et à montrer plus de consistance et d’initiative dans ses actions. Le Parlement européen est le plus à même, parmi les institutions européennes, de rappeler encore et encore le principe de solidarité entre les nations – ce qui signifie, dans ce cas précis, d’accueillir le Caucase comme une partie de l’Europe. Dans ce contexte, il est important de nous rappeler des mots de Robert Schuman concernant le but de « l’achèvement de l’Europe ».

Les pays Baltes n’ont aucun doute sur l’appartenance européenne des Etats caucasiens, malgré les éventuelles disputes géographiques. Ils sont Européens, et ils progressent dans leur rapprochement avec les standards européens et la coopération avec l’Union européenne.

Cependant, la mentalité politique actuelle en Russie est telle que la volonté prévaut de continuer à garder le Caucase du Sud sous emprise russe, comme une zone d’influence de la Russie. Les autorités moscovites ont déclaré, il y a un an, que l’Ukraine est une « affaire intérieure » de la Russie. C’est tout simplement une absurdité, qui montre que de telles idées restent ancrées dans la tête de ces personnes. C’est aussi le cas avec les pays du Caucase du Sud qui sont traités comme une affaire intérieure russe. Il est possible de dépasser cette mentalité par des efforts communs, à condition que les pays du Caucase se montrent suffisamment forts, qu’ils suivent une ligne politique indépendante et qu’ils soient aidés par l’Union européenne.

Mais il est vrai que l’Union européenne serait prête à aider le Caucase du Sud avec plus de conviction s’il y avait davantage de signes, dans la région, d’une ligne politique forte pour l’indépendance et la démocratie. Si le concept de démocratie est contesté, il est plus difficile alors de soutenir les liens européens de ces pays, parce que la famille européenne est incontestablement une famille de démocraties, et cela doit rester ainsi.
 
Concernant la situation actuelle en Géorgie, les autorités ont adopté la ligne politique la plus indépendante – ici, vis-à-vis de la Russie- et réalisé des efforts pour construire une démocratie de type européen.

Malgré tout, j’aimerais voir en Géorgie une opposition politique active et efficace, possédant des liens européens forts, ce qui permettrait d’éviter une confrontation de type Est-Ouest. Une opposition pro-occidentale serait certainement utile, cela permettrait à la Géorgie de se rapprocher des standards européens.

En étant le pays le plus proche des standards européens,la Géorgie pourrait servir de modèle pour ses voisins. L’Azerbaïdjan semble suffisamment indépendant de la Russie, mais ce pays est loin d’être une véritable démocratie – ce qui pourrait devenir un obstacle sur la voie de l’intégration européenne. Quant à l’Arménie, c’est le pays du Caucase du Sud qui est le plus dépendant de la Russie.

Je crois que la coopération entre les pays Baltes et les pays du Caucase du Sud est amenée à se développer, mais cela dépend en très grande partie des pays du Caucase eux-mêmes. Les pays Baltes sont prêts pour cette coopération, mais ils aimeraient voir des efforts sincères de la part des pays du Caucase du Sud sur la voie de l’indépendance et d’une réelle orientation pro-européenne. »

 

Source : Lili DI PUPPO, Vytautas Landsbergis : « L’UE serait prête à aider le Caucase du Sud avec plus de conviction s’il y avait davantage de signes d’une ligne politique forte pour l’indépendance et la démocratie ».
Article paru dans l'édition du 28/03/2006 http://www.caucaz.com/home/breve_contenu.php?id=325


Un autre article, (extraits) sous la plume de Monica Papazu, auteur de Kosovo – frontlinjen mellem kristendom og islam (Le Kosovo – frontière entre le christianisme et l'islam) :

« La question qui se pose est bien évidemment : Pourquoi les Etats-Unis ont-ils joué la carte islamique en Yougoslavie ? Essayons d'y répondre. Il y avait, d'une part, une inertie politique, et, d'autre part, l'idée, apparemment opposée, d'un Nouvel Ordre Mondial. C'était, en effet, la reprise de la politique des Etats-Unis en Afghanistan, lors de la guerre contre l'Union soviétique, politique qui déboucha, comme on le sait maintenant, sur la naissance de l'Al-Qaïda et du mouvement taliban. Par leurs agissements en ex-Yougoslavie (surtout en Bosnie et au Kosovo), les Etats-Unis ont, d'une certaine façon, continué la guerre froide. Il s'agissait d'entraver les intérêts russes, puisque les liens traditionnels entre la Serbie et la Russie avaient toutes chances de se maintenir (ce qui se confirme d'ailleurs dans la situation présente). Il s'agissait d'empêcher l'existence d'une Serbie qui, en cas échéant, résisterait à la politique américaine – puisque les Serbes représentent le peuple le plus nombreux et le mieux défini de l'ex-Yougoslavie, ils auraient, tout naturellement, eu une fonction dominante dans la région.

Les Etats-Unis ont été caractérisés – et ils le sont encore – par une attitude profondément ambiguë envers l'islam. D'une part, une rhétorique visant « les terroristes » (« Global War on Terrorism »), qu'on se garde pourtant de qualifier d' « islamiques », rhétorique liée aussi à des guerres qui très souvent n'ont rien à voir avec la menace islamique réelle (guerre en Irak par exemple). D'autre part, l'alliance avec des pays musulmans de premier rang (la Turquie,par exemple) et qui jouent un rôle majeur dans le terrorisme islamique (l'Arabie Saoudite). L'attitude américaine envers les musulmans de Bosnie et du Kosovo s'explique en grande mesure par l'intention des Etats-Unis de renforcer l' « amitié » avec les pays musulmans alliés, pays qui en outre, ce qui n'est pas un détail insignifiant, sont riches en pétrole.

...

A ceci s'ajoute le fait que le Kosovo a, en lui-même, une importance stratégique non négligeable. Le Kosovo est une zone importante pour la route du pétrole : il s'agit du pipeline de la compagnie américaine AMBO, « Albania, Macedonia, Bulgaria Oil Company », qui assure la liaison entre Burgas en Bulgarie et le port de Vlore en Albanie]. Le Kosovo vient en même temps d'être englobé dans le réseau de bases militaires des Etats-Unis. En s'appropriant, en 1999, quelques 400 hectares de terrain agricole près de la frontière avec la Macédoine, les Etats-Unis ont fait construire au Kosovo, donc sur un territoire qui appartient en droit à la Serbie, le Camp Bondsteel qui, à l'époque, représentait la plus grande base militaire américaine depuis la guerre du Viêt Nam. »

« Voilà donc quelques-unes des raisons, cyniques, mesquines et myopes, qui ont mené à la création de l'Etat fantoche du Kosovo, Etat que le Washington Times qualifiait avec raison, dans son éditorial du 19 février, de « petit Etat jihadiste » [01].

La sécession du Kosovo, que les Etats-Unis ont imposée au monde entier, soulève de graves questions :

1) Nous sommes témoins du démembrement d'un Etat national souverain qui se voit amputer non seulement d'un territoire mais de sa province historique la plus importante. Le démembrement de la Serbie met en cause les principes du droit international, fondé sur le respect des Etats souverains et l'inviolabilité des frontières. Si la loi n'existe plus, alors « tout est permis », et l'on retourne à cet état de barbarie appelé « la loi du plus fort ».

2) La sécession du Kosovo représente la victoire du principe démographique sur le principe historique. Une minorité en croissance démographique, établie sur le territoire d'un pays étranger, a fini par chasser la population autochtone et se rendre maître du territoire. La situation du Kosovo serbe n'est pas unique. Beaucoup de pays européens (pour nous borner à la seule Europe) abritent des minorités. Ces minorités sont, soit des minorités historiques (minorités d'origine hongroise, slave, arménienne, grecque, tartare en Roumanie, par exemple), soit des minorités récentes (l'immigration musulmane en Occident). Sous cet angle, le destin du Kosovo-Metohija est un avertissement pour l'Europe. La tragédie du Kosovo peut se répéter partout – et elle s'esquisse déjà. La conquête du territoire est en cours – en France, en Angleterre, en Suède, au Danemark, les minorités musulmanes sont déjà en train d'occuper des quartiers entiers dans les grandes villes, quartiers ou banlieues que la population autochtone, devenue, elle, minoritaire, finit par abandonner.

3) Le troisième point a justement trait au conflit des civilisations. Le Kosovo-Metohija n'est pas une province quelconque, mais le rempart chrétien dans les Balkans, la frontière entre le christianisme et l'islam.

On oublie souvent qu'il y a moins de cent ans que l'Empire ottoman a été démantelé. L'empire a disparu, certes, mais ses conséquences ne se sont pas évanouies pour autant. Le conflit qui oppose les Albanais aux Serbes est en premier lieu un conflit religieux. C'est un conflit entre ceux qui ont renié leur foi et se sont convertis à l'islam vainqueur et ceux qui sont restés fidèles à la foi chrétienne – de là l'acharnement albanais contre les églises et les monastères du Kosovo. Après la chute de l'Empire ottoman, l'islam avait perdu son souffle. Les musulmans étaient devenus une minorité dans un pays chrétien (le royaume de Yougoslavie) où ils étaient censés s'intégrer. Cette situation, caractéristique de la période « post-ottomane », commença déjà à se modifier pendant la Seconde Guerre mondiale (alliance des musulmans de Bosnie et du Kosovo avec le nazisme) et surtout après.

La Constitution yougoslave de 1974 affirmait pour la première fois l'existence d'un « peuple » musulman en tant qu'ethnie « constitutive » de la Yougoslavie. La Yougoslavie était constituée de : Serbes, Croates, Slovènes, Macédoniens, Monténégrins et « Musulmans » de Bosnie. Voilà donc l'islam interprété (illogiquement) comme équivalant au principe ethnique. Les musulmans cessaient ainsi d'être considérés comme une minorité religieuse. Après la chute du communisme et lors du démantèlement de la Yougoslavie, l'islam est revenu en force, tant en Bosnie qu'au Kosovo, ce qui a marqué la fin de la période « post-ottomane » d'éclipse de l'islam [02]. Nous revenons, au fond, aux temps ottomans, naturellement pas sous la forme d'un empire proprement dit, mais sous la forme d'un nouveau souffle guerrier de l'islam. Deux Etats musulmans ont déjà été créés :la Bosnie (Etat musulman qui occupe un tiers du territoire de la Bosnie-Herzégovine) et le Kosovo. C'est le résultat de la politique de l'Occident, politique ignorante des réalités historiques et immorale envers la Serbie, et qui peut s'avérer suicidaire. »

[01] «  Europe 's new jihadist statelet ? », The Washington Times , 19 février 2008.

[02] Cf. Xavier Bougarel, « The Role of Balkan Muslims in building a European Islam », European Policy Center (EPC) Issue Paper no. 43, 23 novembre 2005.

Source : extrait d’un Texte publié dans la revue « Nucleus », mars 2008, Bruges, Belgique .

Monica Papazu, originaire de Roumanie, auteur de Kosovo – frontlinjen mellem kristendom og islam (Le Kosovo – frontière entre le christianisme et l'islam), Forskningsforlaget Rafael, 2007. На Растку објављено: 2008-03-27
Датум последње измене: 2008-03-27 15:18:10

© 2008 Пројекат Растко и појединачни носиоци ауторских права. Сва права задржана.

On citera encore l'intéressante approche de René Guyonnet à propos d'un fin connaisseur de l'ex-URSS, le diplomate américain George Kennan: "En 1944-1946, écrit-il, George Kennan est ministre-conseiller, à Moscou, de l'ambassadeur Averell Harriman. C'est de là qu'en février 1946 il envoie son « Long Télégramme » de 8 000 mots, le plus célèbre de l'histoire diplomatique américaine. L'URSS, explique-t-il, considère qu'elle vit dans un « encerclement capitaliste », avec lequel « il ne peut y avoir aucune coexistence pacifique permanente ». Kennan est convaincu, cependant, que « les États-Unis peuvent résoudre le problème - et cela, sans avoir recours à un conflit militaire généralisé ». En effet, « le pouvoir soviétique, contrairement à l'Allemagne hitlérienne, n'est ni schématique ni aventuriste. Il ne fonctionne pas sur des plans préétablis. Il ne prend pas de risques inutiles. Insensible à la logique de la raison, il est extrêmement sensible à la logique de la force. Pour cette raison, il peut facilement battre en retraite - et il le fait généralement lorsqu'il se heurte à une forte résistance. »

L’essentiel du « Long Télégramme » sera repris, un an plus tard, dans la revue Foreign Affairs, sous le titre « The Sources of Soviet Conduct ». Article signé « X ». Kennan y reprend son argumentation de base : « La théorie de l’inévitabilité de la chute finale a ceci de bon qu’il n’y a nul besoin de se hâter. Les forces de progrès peuvent prendre tout leur temps pour préparer le coup de grâce [en français dans le texte]. » Face au monde occidental, « la Russie est la partie la plus faible et la société soviétique peut d’ailleurs avoir certains défauts qui l’affaibliront encore davantage ».

D'où la phrase fameuse : « Il est évident que le principal élément de toute politique des États-Unis à l'égard de l'Union soviétique doit être un endiguement à long terme, patient mais vigilant, des tendances expansionnistes russes. »

Kennan prenait bien soin de souligner qu'il ne fallait pas que les Américains « jouent les durs » et qu'ils devaient toujours trouver une solution qui « ne porte pas atteinte au prestige russe ».

Source :

ETATS-UNIS - 27 mars 2005 - par RENÉ GUYONNET Jeune Afrique.com www.jeuneafrique.com/jeune_afrique/article_jeune_afrique.asp?art_cle=LIN27045georgnannek0

On lira aussi avec intérêt, à propos de George Kennan, le véritable et fameux "Mr X", diplomate émérite à l'origine de la théorie du Containment:

Containment, Selected Writings in Foreign Affairs

July 1947
The Sources of Soviet Conduct
by "X"

July 1977
Containment: A Reassessment
by John Lewis Gaddis

Spring 1987
Containment 40 Years Later: Containment Then and Now
by George F. Kennan

April 1951 [reprinted in the Spring 1990 issue of Foreign Affairs]
America and the Russian Future
by George F. Kennan

January 1964
Polycentrism and Western Policy
by George F. Kennan

October 1964
Japanese Security and American Policy
by George F. Kennan

October 1967
The Russian Revolution — Fifty Years After: Its Nature and Consequences
by George F. Kennan

April 1970
To Prevent a World Wasteland: A Proposal
by George F. Kennan

October 1970
Hazardous Courses in Southern Africa
by George F. Kennan

October 1972
After the Cold War: American Foreign Policy in the 1970s
by George F. Kennan

July 1976
Two Hundred Years of American Policy: The United States and the Soviet Union, 1917-1976
by George F. Kennan

Spring 1982
Nuclear Weapons and the Atlantic Alliance
by McGeorge Bundy, George F. Kennan, Robert S. McNamara and Gerard C. Smith

Winter 1984/85
Arms Control: The President's Choice: Star Wars or Arms Control
by McGeorge Bundy, George F. Kennan, Robert S. McNamara and Gerard C. Smith

Winter 1985/86
Morality and Foreign Policy
by George F. Kennan

Winter 1990/91
Communism in Russian History
by George F. Kennan

March/April 1995
On American Principles
by George F. Kennan

September/October 1997
Diplomacy Without Diplomats?
by George F. Kennan

 

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