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1 juin 2008

Libéralisme et "prêt-à-porter philosophique": Frédéric Bastiat parle à Ségolène Royal.

Au moment où un aérolithe conceptuel vient de traverser le ciel politique avec deux prétendants socialistes qui se prévalent d'une approche libérale afin  de paraître comme les gardiens du renouveau doctrinal d'un parti fossile, unique moyen à leurs yeux pour tenter de redonner vie à un PS qui aimerait échapper au prochain laminoir électoral, le temps semble venu de se documenter plus avant sur le Libéralisme.

Quelques superbes âneries eussent ainsi été évitées si certaine passionaria, doublée par l'irruption intempestive d'un concurrent et soucieuse de reprendre la main, peut-être informée du 70ème anniversaire du Colloque Walter Lippmann, avait pris le temps de lire au préalable le dernier et passionnant ouvrage que Serge Audier consacre aux origines du néolibéralisme.

Serge Audier, Le colloque Lippmann. Aux origines du néolibéralisme. éd. Le bord de l'eau, 2008, 355 p., 18 euros. 

(
Serge Audier, ancien élève de l'ENS-Ulm, agrégé et docteur en philosophie,  maître de conférences à l'Université Paris-Sorbonne, membre de l'Institut universitaire de France, a aussi publié Tocqueville retrouvé (Vrin/EHESS), Raymond Aron. La démocratie conflictuelle (Michalon), Les Théories de la République (La Découverte), Machiavel, conflit et liberté (Vrin/EHESS), Le Socialisme libéral (La Découverte), Célestin Bouglé, Les idées égalitaires (Le Bord de L'eau), Léon Bourgeois. Fonder la solidarité (Michalon) et La Pensée anti-68 (La Découverte).

Qu'aurait-on encore évité comme à-peu-près conceptuel  si l'on avait aussi lu Louis Rougier, dont la citation qui suit ne saurait vous laisser indifférent :

"Le libéralisme constructeur, qui est le libéralisme véritable, ne permet pas qu’on utilise la liberté pour tuer la liberté… Le libéralisme manchestérien (celui du “laissez faire, laissez passer”) se pourrait comparer à un régime routier qui laisserait les automobiles circuler sans code de la route. Les encombrements, les embarras de circulation, les accidents, seraient innombrables… L’État socialiste est semblable à un régime de circulation où une autorité centrale fixerait impérativement à chacun quand il doit sortir sa voiture, où il doit se rendre et par quel chemin… L’État véritablement libéral est celui où les automobilistes sont libres d’aller où bon leur semble, mais en respectant le code de la route… "

Louis Rougier (Les mystiques économiques, Paris, 1938)

Lisez encore Walter Lippmann (The Good Society), immense figure journalistique et penseur politique Rooseveltien. Intéressez vous à Gaëtan Pirou (1939), Néo-libéralisme néo-corporatisme, néo-socialisme, Paris, Gallimard, mais surtout, n'omettez pas de lire l'excellent Frédéric Bastiat, lequel, dans son adresse à la jeunesse française qui prélude à ses Harmonies économiques parues en...1850, écrit ce qui suit:

"Ce qui sépare radicalement les diverses écoles socialistes (j'entends ici celles qui cherchent dans une organisation artificielle la solution du problème social) de l'école Économiste, ce n'est pas telle ou telle vue de détail, telle ou telle combinaison gouvernementale; c'est le point de départ, c'est cette question préliminaire et dominante: Les intérêts humains, laissés à eux-mêmes, sont-ils harmoniques ou antagoniques?

Il est clair que les socialistes n'ont pu se mettre en quête d'une organisation artificielle que parce qu'ils ont jugé l'organisation naturelle mauvaise ou insuffisante; et ils n'ont jugé celle-ci insuffisante et mauvaise que parce qu'ils ont cru voir dans les intérêts un antagonisme radical, car sans cela ils n'auraient pas eu recours à la Contrainte. Il n'est pas nécessaire de contraindre à l'harmonie ce qui est harmonique de soi.

Aussi ils ont vu l'antagonisme partout:

Entre le propriétaire et le prolétaire,

Entre le capital et le travail,

Entre le peuple et la bourgeoisie,

Entre l'agriculture et la fabrique,

Entre le campagnard et le citadin,

Entre le regnicole et l'étranger,

Entre le producteur et le consommateur,

Entre la civilisation et l'organisation,

Et, pour tout dire en un mot:

Entre la Liberté et l'Harmonie.

Et ceci explique comment il se fait qu'encore qu'une sorte de philanthropie sentimentaliste habite leur cœur, la haine découle de leurs lèvres. Chacun d'eux réserve tout son amour pour la société qu'il a rêvée; mais quant à celle où il nous a été donné de vivre, elle ne saurait s'écrouler trop tôt à leur gré, afin que sur ses débris s'élève la Jérusalem nouvelle." Frédéric Bastiat, A la jeunesse française, in Harmonies Economiques.


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