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21 avril 2007

Sur le Suffrage Universel

Victor Hugo

Discours sur le Suffrage Universel


20 Mai 1850

      

(...)

          Le grand acte tout ensemble politique et chrétien       par lequel la révolution de février fit pénétrer son principe jusque       dans les racines mêmes de l'ordre social, fut l'établissement du       suffrage universel, fait immense, fait capital, événement considérable,       qui introduisit dans l'Etat un élément nouveau, irrévocable et       définitif...
          Certes (...) cela fut grand...(...) Mais le côté       efficace... du suffrage universel... Le côté efficace, politique,       profond du suffrage universel, ce fut d'aller chercher dans les régions       douloureuses de la société... l'être courbé sous le poids des       négations sociales, l'être froissé qui, jusqu'alors n'avait eu d'autre       espoir que la révolte,...et de lui dire : Vote ! ne te bats plus !
          Ce fut de rendre sa part de souveraineté à celui       qui, jusque-là, n'avait eu que sa part de souffrance ; ce fut d'aborder,       dans ses ténèbres matérielles et morales, l'infortuné qui, dans       l'extrémité de sa détresse, n'avait d'autre arme, d'autre ressource,       d'autre défense que la violence, et de lui retirer la violence, et de lui       mettre dans les mains, à la place de la violence, le droit...
          Le suffrage universel... à ceux qui seraient       tentés d'être récalcitrants, dit : Avez-vous voté ? Oui ! Votre droit       est épuisé ; tout est dit. Quand le vote a parlé, la souveraineté a       prononcé. Une fraction ne peut pas et ne doit pas défaire, ni refaire l'œuvre       collective ; vous êtes citoyens, vous êtes libres ; votre œuvre       reviendra, sachez l'attendre. En attendant parlez, écrivez, discutez,       contestez, enseignez, éclairez-vous, éclairez les autres. Vous avez à       vous aujourd'hui la vérité, demain la souveraineté ; vous êtes forts.       (...)
          Et en effet, méditez ceci : Il y a un jour dans       l'année où celui qui vous obéit se voit votre pareil, où celui qui       vous sert se voit votre égal, où chaque citoyen, entrant dans la balance       universelle, sent et vérifie, pour ainsi dire, la pesanteur spécifique       du droit de cité, et où le plus petit fait équilibre au plus grand.
          Il y a dans l'année un jour où le manœuvre, le       journalier, l'homme qui porte les fardeaux, l'homme qui gagne son pain à       la sueur de son front, juge le sénat, prend dans sa main durcie et       ennoblie par le travail tous les pouvoirs, les ministres, les       représentants, le Président de la République, et se dit : La puissance,       c'est moi !...
          Il y a, dis-je, dans l'année un jour où le plus       faible sent en lui la grandeur de la souveraineté nationale, où le plus       humble sent en lui l'âme de la patrie ! (...)

 


Victor Hugo, Actes et Paroles I, Assemblée législative 1849-1851,
      20 mai 1850
   

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