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Allo! DME! Dix millions d'électeurs! Renaud Bouchard -2017-2022
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28 mars 2011

Implosion de l’UMP : vers une révolution de palais pour sauver la droite présentable ?


 

Face à l’effondrement de la droite gaullienne et à son dynamitage par le chef de l’Etat, le socle électoral que représente cette composante politique, économique et sociale majeure de la France ne peut plus désormais trouver son salut que dans un pronunciamiento au bénéfice d’un candidat extérieur au sérail.

 

 

<< Le choix en politique n’est pas entre le bien et le mal, mais entre le préférable et le détestable. >>

 

                                                                                                              Raymond Aron

 

 

Les élections cantonales auront révélé des lignes de faille dont on soupçonnait l'existence. On sait désormais que parmi les électeurs de droite 40 % des sympathisants UMP sont en réalité des sympathisants du FN. Ces mêmes lignes de faille révèlent aujourd'hui l'existence d'une division profonde au sein des soutiens à l’UMP, avec d'un côté une droite dite dure, nationale, et de l'autre côté une deuxième droite qui serait une droite républicaine, humaniste, en difficulté car prise entre deux feux qui menacent de la dévorer.

 

Entre le « devoir de victoire » ( !) , n’ayons pas peur des mots, prôné par la première secrétaire du PS, ses appels à la responsabilité adressés aux « camarades présidentiables », l’appel de la présidente du FN « à l'organisation d'un grand rassemblement pour constituer un pôle majoritaire » en excluant toute alliance avec l’UMP, et les invocations du secrétaire général de l'UMP, Jean-François Copé, soucieux d'expliquer que son parti allait « dès demain repartir à la conquête, à la reconquête, de ceux qui ne sont pas allés voter ou ont voté massivement Front National », on constate que le paysage politique présente aujourd’hui tous les aspects d'un véritable bidonville électoral.

 

Toutefois, malgré les apparences la situation n'est claire pour personne. Face à un parti socialiste encore empêtré dans ses élections primaires et dans ses archaïsmes idéologiques, chacun a compris que la question du vote anti FN vient d'aggraver la division entre les deux courants de droite que constituent les centristes et radicaux fédérés par Jean-Louis Borloo et les thuriféraires de la droite dite populaire, fragilisant de ce fait la candidature de moins en moins naturelle et évidente du chef de l'État. Le taux de radioactivité du Front National vient quant à lui d’augmenter tandis qu'on ne distingue pas encore très bien l'ampleur de l'insurrection qui va de manière inéluctable conduire à l'implosion de l’UMP.

 

Capitalisant sur la confusion qu'il entretient entre les deux bords de l'échiquier politique, le Front National pourrait donner l'impression d'avoir tiré son épingle du jeu en apparaissant comme le chevalier blanc d'une nouvelle géographie électorale. Il n'en est rien. C'est qu’en effet, au-delà des candidatures politiques plus ou moins supposées, déclarées ou à venir, aucune des formations politiques actuelles n'est encore en mesure de triompher des deux obstacles qui détermineront son succès lors de l'élection présidentielle de 2012 : l'économie, avec son corollaire : l’abstentionnisme.

 

Devenu le premier parti de France, l'abstentionnisme électoral tranchera le débat. C'est en effet de ce parti abstentionniste et de toutes ses composantes qui ont dessiné en creux les faiblesses et les manquements des formations politiques actuelles que dépendront la désignation, le choix, et la victoire du candidat qui remportera l'élection présidentielle de 2012. Ce parti attend quelque chose pour libérer ses forces, l’étincelle qui le conduira à privilégier et investir en masse le champion qu’il aura finalement choisi. En ce sens, les élections sénatoriales à venir pourraient servir de test ultime pour l’année 2011.

 

D’ici-là un événement peut suffire de détonateur à ce processus : ce coup de torchon auquel tout un électorat aspire secrètement. Chacun a en effet parfaitement compris que le cheval qui entend courir pour 2012 n'est plus le bon. La majorité présidentielle étant dans l'incapacité de s'extirper des querelles de préséance et d'hommes qui la minent, il n'est pas exclu que l'initiative d'une révolution de palais provienne de l'extérieur. Il s'agirait tout simplement de déposer le chef ou à tout le moins de lui faire comprendre que sa personnalité et l'usure du pouvoir le rendent impropre à remplir un deuxième mandat présidentiel. Une recomposition de la droite politique économique et sociale est manifestement en cours. Le sarkozysme a vécu, et avec lui tout le train des déceptions et désillusions de tous ceux qui ont commis l’erreur de croire en lui. Un pronunciamiento destiné à lui substituer un nouveau candidat, étranger au sérail, susceptible de capitaliser toutes les erreurs politiques et les scandales qui ont agité la majorité présidentielle jusqu'à lui nuire est en passe de surgir.

 

Ce véritable coup d’Etat intra-politique, puisque survenant à l'intérieur même d'une famille politique, signifiera la disparition de l’UMP et de la nomenklatura obsolète qui la compose. Sans doute surprenante la thèse n'a pourtant rien d’incongru dans la mesure où l'histoire politique du pays a montré que les grandes différenciations qui servent de socle électoral s'accommodent parfaitement des transformations partisanes et des successions de régimes. S'agissant de prospective à très court terme, la validité de la thèse ne dépend plus que de la qualité d'un candidat que l'on peut imaginer comme capable de rétablir un équilibre dans le cadre d'une grande alliance suffisamment forte pour triompher des solutions extrémistes ou irréalistes, notamment en matière économique et financière. (A suivre).

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