Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Allo! DME! Dix millions d'électeurs! Renaud Bouchard -2017-2022
Allo! DME! Dix millions d'électeurs! Renaud Bouchard -2017-2022
Publicité
Derniers commentaires
14 septembre 2010

Nécrose politique, Cabinet Noir et Sarkogate

« La politique n’est pas l’art de résoudre les problèmes, mais de faire taire ceux qui les posent » (Henri Queuille) Ionesco est actuellement à l’affiche. Le choix de ses oeuvres est vaste puisque entre Élégies pour êtres minuscules, Victimes du devoir, Le pied du mur, Mêlées et démêlés, L’Homme aux valises, Le Solitaire, Un homme en question, deux titres entrent en résonance avec l’actualité du Sarkogate et du Woerthgate : Le roi se Meurt et Amédée ou Comment s’en débarrasser. "C’est une fable qu’Eugène Ionesco nous raconte avec Le Roi se Meurt. Il y avait bien dans un pays imaginaire un vieux Roi solitaire qui sentait dans sa poitrine battre un coeur qu’il croyait immortel. Il y avait dans un pays imaginaire un vieux Roi solitaire qui croyait tenir dans son poing un pouvoir éternel. Puis un jour, alors qu’il était très vieux, alors qu’il était très jeune, tout bascula dans l’anarchie et dans l’horreur : le territoire se mit à rétrécir, à se rabougrir, les frontières à reculer ; la population se réduisit en une nuit à quelques vieillards, à quelques enfants goitreux, débiles mentaux, congénitaux. Tout s’effondra. Ce fut la fin du monde et la fin d’un long règne.Cet univers qui se détruit, c’est la projection du mental d’un Roi qui se désagrège, entraînant tout dans son néant. Pour que la vie reprenne, il faut que le Roi passe, que le Roi meure afin que tous puissent hurler ensemble à nouveau : « Vive le Roi ! » La Royauté, les Courtisans, l’Armée, le Peuple ne peuvent survivre et se régénérer qu’en abreuvant la nouvelle royauté de la mort de l’ancienne. C’est donc à cette cérémonie, farce métaphysique du grand départ du Roi, que nous convie Ionesco. Il nous oblige à regarder de face ce qui nous fait si peur. Peu à peu, (le roi) va se détacher de tous les liens matériels qui le nouent à la vie ; il va se libérer de toutes les entraves de ce monde et pourra ainsi entreprendre le dernier voyage. Il a accepté l’inéluctable, le grand rendez-vous avec la mort - mais va-t-il mourir ? » (Georges Werler) Avec Amédée, « pendant que la vermine de Kafka devient de plus en plus hideuse , de plus en plus répugnante et que ses bassesses et ses trahisons s’enkystent dans sa carapace - c’est le sort calamiteux qui attend tous les collaborateurs condamnés à multiplier les abjections jusqu’à devenir la purulente "chose d’à côté " qui sera abandonnée avec dégoût lorsque la famille changera d’appartement - le cadavre vivant et envahissant de Ionesco symbolise le choc entre le déni d’une situation monstrueuse et la réalité de plus en plus palpable, de plus en plus obsédante , de plus en plus gigantesque et qui enfle de telle sorte qu’elle envahit l’esprit du négateur et s’impose à lui et au monde malgré tous les efforts que le geôlier déploie pour la repousser et la nier . Devenu Ka, le vieux python du Livre de la jungle, le cadavre finira par s’enrouler autour de son gardien et ne faire qu’un avec lui. » (Diéguez) Le président français Nicolas Sarkozy est donc confronté depuis quelques jours à un nouveau développement de l’embarrassante et désormais tentaculaire et nauséabonde affaire Woerth-Bettencourt. Le quotidien Le Monde accuse en effet l’Exécutif d’avoir fait espionner un journaliste pour identifier l’un de ses informateurs. (Source Agence France-Presse). La présidence française a aussitôt démenti « totalement » ces affirmations et assuré n’avoir « jamais donné la moindre instruction » pour enquêter sur l’origine des informations du quotidien sur cette affaire politico-fiscale. Le Monde accuse en effet la présidence d’avoir violé les lois sur la protection des sources des journalistes en sollicitant le contre-espionnage pour identifier l’informateur d’un reporter du quotidien, lequel a annoncé qu’il allait déposer une plainte « dans les prochains jours ». « L’Elysée a eu recours, courant juillet, à des procédés qui enfreignent directement la loi sur la protection du secret des sources des journalistes », écrit Sylvie Kauffmann, directrice de la rédaction du quotidien. À l’origine de cette opération d’identification on trouve un article du journaliste Gérard Davet publié en première page du quotidien à la mi-juillet 2010, intitulé « Le principal collaborateur de Liliane Bettencourt met Eric Woerth en difficulté », article qui s’interrogeait notamment sur les conditions d’embauche de l’épouse du ministre du Travail, Eric Woerth par le gestionnaire de la fortune de la milliardaire Liliane Bettencourt, Patrice de Maistre. La justice cherche à savoir si l’obtention par Patrice de Maistre de la Légion d’Honneur peut être liée à l’embauche de l’épouse du ministre dans sa société, entièrement consacrée à la gestion des intérêts financiers de l’héritière de la firme de cosmétiques L’Oréal. Selon Le Monde, il a alors été demandé aux services du contre-espionnage de « mettre fin aux fuites qui avaient abouti à la publication de ces informations ». La Direction centrale du renseignement intérieur (DCRI), chargée de l’enquête, « a assuré au Monde avoir agi dans le cadre de sa mission de protection des intérêts de l’État », selon le journal. Identifiée sur la base de relevés de factures téléphoniques fournis par un opérateur, la source du journaliste s’est révélée être selon Le Monde un haut fonctionnaire, David Sénat, conseiller pénal au cabinet du ministre de la Justice, Michèle Alliot-Marie, lequel conseiller a depuis été appelé à quitter ses fonctions pour rejoindre un poste qui l’attendait à Cayenne, en Guyane. Comme l’explique Hélène L’Heuillet, agrégée et docteur de philosophie et chargée de cours à l’université de Paris-X-Nanterre, « la police est un élément de la politique devenue rationnelle, mais elle n’est pas une forme de gestion ni même seulement une administration. Occupée de « tout ce qui ne va pas », la police est au contraire une sorte de résidu de la politique devenue rationnelle. Mais plus l’emprise du rationnel s’étend, plus ce qui ne va pas est multiforme, et plus la tâche de la police est indéterminée. Par là même, sa fonction est de composer : basse politique, elle ne l’est pas au sens d’une politique appliquée, mais d’une politique qui compose avec les circonstances. Chargée de réaliser les conditions effectives de la politique, elle est un savoir et une intelligence de l’Etat. Elle doit prévoir, anticiper, protéger le politique en lui évitant les mauvaises surprises venues de la société. Si une telle fonction semble, du point de vue descriptif, correspondre à l’activité de renseignement, de collecte d’informations, voire de surveillance secrète de l’opinion publique, c’est que celle-ci est apparue comme fondatrice de la police dès la lieutenance de Paris. Dès cette époque, en effet, la police, créée par Louis XIV, est bien autre chose que la garde ou l’espionnage, mais une véritable clinique de la société, attentive à ses humeurs, proche de ses sentiments, instruite de tout ce qui s’y passe. » Mais aujourd’hui, en France, la situation qui agite l’actualité est bien différente. C’est qu’en effet la politique de gribouille qui caractérise les réactions d’un Exécutif aux abois après la révélation d’actes manifestement inadmissibles dans un Etat de droit – ou supposé tel – devrait déclencher une onde de choc par delà la réaction que l’on espère unanime de l’ensemble des organes de Presse, tant nationaux qu’européens face à la violation de la loi sur le secret des sources des journalistes. Qui ne voit pas en effet le caractère exorbitant sinon inacceptable que constituerait, si ces faits viennent à être confirmés, l’utilisation par un Pouvoir profondément déstabilisé des services du contre-espionnage (DCRI) pour rechercher l’informateur de l’un des reporters du quotidien Le Monde ? Du Cabinet du Secret des Postes à celui du Secret du Roi, les mauvaises habitudes ont décidément la vie dure. L’inconvénient est que nous sommes en 2010 et que de telles pratiques destinées à étouffer sinon effacer les conséquences gravissimes d’un fait divers devenu tentaculaire et qui achèvent d’ôter toute légitimité politique à l’actuelle majorité parlementaire et à un Exécutif naufragé devraient à n’en pas douter conduire leurs auteurs et complices, mais plus particulièrement leur(s) instigateur(s) à répondre pénalement de leurs agissements. Les libertés publiques, la démocratie et l’Etat de droit l’exigent. Sources : Cyberpresse.ca Lisez l’éditorial http://www.lemonde.fr/idees/article/2010/09/13/le-monde-l-elysee-et-la-liberte-d-informer_1410326_3232.html#ens_id=1373579 et le texte http://www.lemonde.fr/politique/article/2010/09/13/affaire-woerth-le-monde-va-deposer-une-plainte-contre-x-pour-violation-du-secret-des-sources_1410327_823448.html#ens_id=1373579 de Sylvie Kaufmann, directrice de la rédaction du quotidien, sur LeMonde.fr Hélène L’Heuillet, Basse police, haute politique, Une approche historique et philosophique de la police, Fayard, 2001. SPIP 2.0.10 [14698] est un logiciel libre
Publicité
Publicité
Commentaires
Publicité