Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Allo! DME! Dix millions d'électeurs! Renaud Bouchard -2017-2022
Allo! DME! Dix millions d'électeurs! Renaud Bouchard -2017-2022
Publicité
Derniers commentaires
30 juin 2010

La boîte noire du sarkozysme

Malgouvernance, conflits d’intérêts, désinvolture et aveuglement d’une clique politique. « Sous le masque de cire du marionnettiste, comment bat le cœur de ce politicien au corps raidi, qui semble se glisser partout comme une ombre, apparaître comme un fantôme, disposer de tout et de tous ? » Jean-Claude Raspiengeas, Giulio Andreotti, la boîte noire de la politique italienne, à propos du film Il Divo, de Paolo Sorrentino, (2008) un portrait de l'homme politique italien Giulio Andreotti. Comment bat le cœur politique de notre pays ? Comme un cœur qui présenterait des troubles préoccupants qu’il convient de traiter d’urgence. « Dérive mortifère de la vie politique italienne, fresque impressionnante, mi-farce baroque, mi-opéra funèbre, sur les secrets d’un homme qui tient le monde dans sa main. Cynique, détaché, d’une froideur souveraine, entouré d’une camarilla courtisane, couvé par sa femme et sa secrétaire, Andreotti souffre de migraines terribles (poids de ses remords ? feu de ses forfaits ?), dort peu et, comme le chat de la fable, scrute ses interlocuteurs d’un œil énigmatique, sans laisser aucune émotion transparaître. » La vie politique française présente d’autres traits, certes, mais certains ont à l’évidence un petit air de famille avec notre cousine italienne qui ne trompe pas. « Ma vie est tellement tranquille, dit l’ancien président du Conseil italien, que ça aurait donné un produit sans relief, sans piment. Mon courant, par exemple, eh bien, ce n'était pas un zoo comme il est montré dans le film. Il y avait des jalousies, des crocs-en jambe, la carrière, mais la politique c'est ça." Le zoo politique français se porte bien, lui aussi. "Mon pouvoir consistait en un certain ascendant, en un certain type de rapports internationaux. Mais je n'ai jamais eu le désir de m'enrichir." Et le cynisme ? "Le cynisme n'est pas dans mon caractère, je ne m'émeus pas facilement, ça c'est vrai. Mais je ne suis pas insensible. Et j'ai dû endurer bien des choses parce que ça en incommodait plus d'un que la Providence ne se soit pas arrangée pour me faire débarrasser le plancher plus tôt. » Goffredo De Marchis, Giulio Andreotti face à son double, Cannes 2008, réflexions de l’intéressé à l’occasion de la projection du film Il Divo. Où l’on voit qu’avec les récentes affaires dans lesquelles se noie la majorité gouvernementale actuelle, conspuée par une opposition qui rate une fois de plus une occasion de se taire eu égard à ses propres turpitudes passées, la boîte noire de la politique française est en fait devenue la boîte noire du sarkozysme. L’idée d’un remaniement gouvernemental au mois d’octobre prochain pour tenter de faire passer la soupe nauséabonde des scandales financiers et immobiliers qui frappent l’actuel gouvernement en parallèle à l’affaire « Woerth-Bettencourt » n’abusera personne. Elle n’effacera pas l’opprobre – ce déshonneur extrême et public – qui devrait conduire le chef de l’Etat à se retirer sans plus tarder, faute de mesurer à quel point ses agissements comme ceux de tel ou tel membre du Gouvernement qui ont oblitéré tout sens politique flétrissent les institutions de la France. Corollaire de cette crise politique et économique qui traverse désormais le pays tout entier, la perte de légitimité qui frappe les hiérarques pris les mains dans le pot de miel (entre les Cigares du Pharaon et l’Ile mystérieuse perdue dans l’océan Indien), appelle une solution de rechange immédiate à ce quinquennat qui fait eau de toute part. « "Imaginerait-on aujourd'hui un homme d'état français qui insisterait, comme le fit le Général en son temps, pour payer de sa poche les repas des membres de sa famille lorsqu'il les invitait à l'Elysée ?", s’interroge l’historien britannique Sudhir Hazareesingh dans son superbe ouvrage intitulé « Le mythe gaullien. » Les liens trop étroits et leurs dérives entre pouvoirs politiques et pouvoirs économiques donnent à la question de la succession présidentielle française une importance désormais urgente. Comment ne pas voir que cette explosion de la prédation directe sur les ressources de 1’État est en effet devenue insupportable aux yeux de citoyens expressément invités à se serrer la ceinture pour les années à venir ? L’évolution de la structure même du régime est aujourd’hui en butée. Après avoir finalement pris le contrôle du parti unique de l’appareil d’Etat (2007), le président a en effet construit un régime politique dans lequel la seule règle de longévité est devenue la fidélité à sa personne et l’esbrouffe une ligne de conduite.. En agitant la carotte du renouvellement des membres du gouvernement, en captant les ambitions insatisfaites d’opposants parfaitement conscients de leur impossibilité à prétendre à quoique ce soit dans un parti d’opposition soucieux de gouverner mais taraudé par l’inquiétude de voir surgir un triumvirat, en fermant les yeux sur un activisme prédateur à le petite semaine mâtiné de conflits d’intérêts indiscutables qui auraient dû ne jamais se produire, le Président a de fait ruiné, dans les perspectives et structures institutionnelles actuelles, la possibilité de faire naître des bases de pouvoirs indépendantes du sien. Dans un contexte politique où l’organisation du pouvoir est intimement liée à une hégémonie économique et à la normalisation de pratiques semi mafieuses, la nouvelle donne politique économique et sociale qu’appelle la succession gouvernementale, partisane et , en un mot, présidentielle actuelle, est devenue urgente. Sources : Jean-Claude Raspiengeas, Giulio Andreotti, la boîte noire de la politique italienne, La Croix, 30/12/2008. http://www.la-croix.com/article/index.jsp?docId=2360853&rubId=1097 Goffredo De Marchis, Giulio Andreotti face à son double,Courrier International, 22/05/2008. http://www.courrierinternational.com/article/2008/05/22/giulio-andreotti-face-a-son-double Sudhir Hazareesingh , Le mythe gaullien, Gallimard, 25-05-2010 288 p ISBN 9782070128518
Publicité
Publicité
Commentaires
Publicité