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Allo! DME! Dix millions d'électeurs! Renaud Bouchard -2017-2022
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11 décembre 2007

Taux de change : 10 milliards d'Euro = 30 Deniers

Drapeau national en berne et jour funeste - en ce 10 décembre 2007 - où au nom d'une business-diplomatie le gardien de la Constitution aura prostitué la Mère patrie des droits de l'Homme.

“Je veux lancer un appel à tous ceux qui dans le monde croient aux valeurs de tolérance, de liberté, de démocratie et d’humanisme, à tous ceux qui sont persécutés par les tyrannies et par les dictatures, à tous les enfants et à toutes les femmes martyrisés dans le monde pour leur dire que la France sera à leurs côtés, qu’ils peuvent compter sur elle.” (Discours de M. N. Sarkozy du 6 mai 2007)

Compliments!

"Dans la Démocratie européenne, j’ajoute que tous ceux qui ont fait l’expérience de renoncer à la défense des Droits de l’Homme au bénéfice de contrats, n’ont pas eu les contrats, et ont perdu sur le terrain des valeurs."

(M. N. Sarkozy. Séance solennelle devant le Parlement européen le 13 novembre 2007,Strasbourg).

Congratulations, Mr President!

"Je devrais peut-être féliciter M. Sarkozy de recevoir M. Kadhafi , le jour du débat sur le rapport sur les droits de l'Homme et de la remise au Parlement européen du prix Sakharov pour la liberté de penser", a souligné ironiquement l'eurodéputé britannique, Graham Watson, chef du groupe démocrate et libéral (ADLE) au Parlement européen. "Il n'y a pas de doute que nous le verrons un jour recevoir Mahmoud Ahmadinejad et Kim Jong-Il. Nous attendons de voir ça avec impatience", a ajouté ce dernier a l'occasion d'un point presse.

Comme l'écrit fort justement Nicolas Vinci sur Agoravox "Ce n’est pas tant au dialogue avec la Libye qu’il faut s’opposer, mais au cérémonial mis en oeuvre pour accueillir son chef, aux justifications realpoliticiennes qui n’en sont pas vraiment qui ont été apportées, et surtout aux objets des contrats commerciaux que la France s’apprête à passer avec ce pays."

      

Lorsqu’à Munich, en 1938, Édouard Daladier cédait à celui qui allait incarner le mal absolu dans l’histoire de l’humanité, l’air du temps était à l’apaisement. La logique était simple : il fallait ménager Adolf Hitler dans l’espoir qu’il n’aille pas plus loin dans ses intentions hégémoniques et belliqueuses. C’est ainsi que fut sacrifiée la Tchécoslovaquie sur l’autel des négociations. La fin (protéger la démocratie) justifiait les moyens, pensait-on à l’époque. Édouard Daladier revint accablé de Munich tandis que la foule l’applaudit à son retour. L’histoire retint qu’il s’était désolé de voir les Français ne pas comprendre ce qui venait de se passer : “Ah ! Les cons ! S’ils savaient !”.

La ligne jaune avait été franchie et notre pays n’était plus en position de force sur la scène internationale. La suite, nous la connaissons tous.

Aujourd’hui, et pour presque une semaine, la France vit et va vivre un nouveau Munich. Bien sûr, il n’est pas question d’apaiser la Libye qui, de toute façon, n’est pas en position de force par rapport à nous et qui n’a, à notre connaissance, pas l’intention de venir faire la guerre. Non, là, il s’agit juste d’ouvrir notre porte à un colonel et à son pays. Pour leur montrer que la démocratie française ne snobe personne. En soi, l’intention est louable. Car l’évidence théorisée par les États-Unis au début du XXe siècle et appliquée par F.D. Roosevelt à la fin de la Seconde Guerre mondiale à l’égard de l’Allemagne de l’Ouest paraît toujours d’actualité, laisser les dictatures s’autogérer seules dans leur coin est le dernier moyen de faire bourgeonner les germes de la démocratie en elles. De même, leur claquer la porte au nez définitivement et les laisser pourrir n’apporte rien à leur amour (peut-être-un-jour-naissant) pour notre régime politique que nous considérons comme la façon optimale de gérer les rapports humains. Que serait devenue l’URSS sans les négociations de la Détente (années 1960-1970) qui portèrent notamment sur les droits de l’Homme - la fameuse “troisième corbeille” des Accords d’Helsinki de 1975. En somme, ce qu’il nous faut, c’est de la Realpolitik, désidéologisée. C’est ce que certains avancent pour justifier la venue du leader libyen.

Cette vision manque cruellement de cohérence et d’honnêteté intellectuelle.

Comment ose-t-on parler de diplomatie désidéologisée lorsque sa justification réside dans la volonté de dialogue afin de montrer l’ouverture de la démocratie à l’égard de tous les États de la planète ? Car la démocratie, qu’on le veuille ou non, reste sinon une idéologie au moins un idéal. Or, dès que l’on privilégie l’idéal (ou dans le pire des cas l’idéologie), on s’éloigne ipso facto du réalisme. Accueillir le Guide en France pour montrer que la démocratie ne lui claque pas la porte au nez, c’est bel et bien agir au nom de l’idéal démocratique, non ? Dès lors, que l’on arrête de nous faire la leçon sur la Realpolitik qu’il conviendrait apparemment d’adopter à l’égard du dirigeant lybien !

Que l’on choisisse pour le recevoir la Journée mondiale des droits de l’homme, comme le fait justement, mais tardivement remarquer la secrétaire d’État préposées aux dits droits, Me Rama Yade, est un symbole qui ne manque pas de sel. Mais un symbole sans réel danger pour l’avenir (quoique?) En revanche, que la France qui, lorsqu’elle choisit de vendre des avions d'arme Rafale pour la première fois à un pays étranger, le fait vers un pays dont le dirigeant justifie le recours au terrorisme des petits États par leur taille (Lisbonne) est un symbole autrement plus fort et bien plus grave. Nous évoquions plus haut la Détente au cours de la Guerre Froide. Rappelons-nous que celle-ci fut entreprise  en 1979 lorsque le leader soviétique Leonid Brejnev décida d’envahir l’Afghanistan pour soutenir une faction de la guérilla communiste qui tentait alors de s’imposer. La réponse états-unienne à cette invasion - toujours incompréhensible aux yeux de nombreux historiens de la période - fut de soutenir, pour résister aux “Rouges”, le mouvement le plus religieux et le plus idéologisé de la région, celui des Talibans, en lui vendant des armes (parce qu’il fallait empêcher l’URSS non-démocratique de s’imposer, bien entendu...). Le 11 Septembre 2001, des Talibans entraînés grâce aux armes états-uniennes décidaient de commettre le chef d'oeuvre absolu et jusqu'à ce jour insurpassé de l'attentat géopolitique en précipitant les avions dont ils s'étaient rendus maîtres sur  les tours new-yorkaises pour toucher l’Amérique au coeur. Il faut toujours se méfier de ceux à qui l’on vend des armes...

Nicolas Vinci a raison : Il ne s’agit pas de dire ici, comme il l'écrit fort justement: “Nous, Français, ne devons jamais rencontrer le dirigeant libyen”. Non, bien au contraire. Mais tout est dans les formes. Il s’agit d’être plus modérés, d’oser dire non à l’argent-roi en ne privilégiant pas des contrats commerciaux par rapport à la défense des droits de l’Homme. Il s’agit de rappeler au président de la République qui veut toujours tenir ses engagements de campagne ses propres paroles  : “Je veux lancer un appel à tous ceux qui dans le monde croient aux valeurs de tolérance, de liberté, de démocratie et d’humanisme, à tous ceux qui sont persécutés par les tyrannies et par les dictatures, à tous les enfants et à toutes les femmes martyrisés dans le monde pour leur dire que la France sera à leurs côtés, qu’ils peuvent compter sur elle.” (Discours du 6 mai 2007)

Tartufferie absolue!

Si la France souhaite dialoguer avec la Libye, qu’elle le fasse sur les bons sujets ! Le commerce, certes, mais aussi la démocratie et les droits de l’Homme. Si la France souhaite commercer avec la Libye - et il le faut - il est une multitude de biens et de services que la France peut produire et exporter, bien avant des centrales nucléaires ou des avions de chasse ! Si la France le fait pour récupérer son point de croissance, dans ce cas, qu’elle ne reçoive pas le dirigeant libyen dans des cérémonies aussi indécentes que grotesques. Qu’elle se fasse inviter par la Libye, et non l’inverse !

 

Travailler avec la Libye pour réaliser le partenariat Euromed et procéder à la mise en place d'une politique européenne de voisinage avec les pays MENA? Plus que jamais, bien sûr. Mais pas au prix de la prostitution d'une grande démocratie par les agissements d'un VRP multicartes qui parle au nom de la France.

 

Nous sommes en ce moment à la limite de la politique de la terre brûlée. Nous sommes là dans la diplomatie dorée. Dans la diplomatie de Munich, sans espoir, qui fait passer la démocratie d’idéal inoffensif à idéologie justificatrice aussi dangereuse qu’absurde !

 

Voyez sur http://www.dailymotion.com/INFOCOM-Net/1   un pitoyable et laborieux travail de justification de l'injustifiable.

Et que dire de la déclaration effectuée le 27 novembre dernier par M.Sarkozy lorsqu'il a dénoncé le projet de référendum Taiwanais au sujet de l’entrée de Taiwan à l’ONU?

"Il n’y a du point de vue français qu’une seule Chine et Taïwan fait partie intégrante du territoire chinois", a dit le président français, à l’issue d’un entretien avec son homologue chinois, Hu Jintao, et de la signature d’importants contrats.

"La France n’est donc pas favorable à l’indépendance de Taïwan", a ajouté Nicolas Sarkozy, qui a imputé aux "aléas de l’histoire" la séparation actuelle de Taïwan et de la Chine continentale. (extraits)

On croit rêver, et pourtant. Les idéaux républicains de la France sont bien éloignés de cette déclaration à l’emporte-pièce mais préméditée. Cela fait mal d’entendre le Président  proclamer un discours ferme de politique intérieure Chinoise à destination de son peuple mais également un discours de politique extérieure à destination de Taiwan en devenant le cornette porte-drapeau d'un gouvernement sans pitié.

Cette posture de M. Sarkozy au sujet de Taiwan n'aura duré que le temps d’un voyage en Chine, mais quel déploiement de bassesse pour 20 Milliards! Notre pays ne sort pas grandi après une telle déclaration.

Il existe en effet une manière tout aussi efficace de gagner de l'argent et de travailler pour les intérêts économiques de son pays : c'est d'agir avec élégance. Ce sont là toute la différence et le fossé qui sépareront toujours l'aristocratie et la grande bourgeoisie des affaires du monde des nouveaux riches et de leurs obligés.

On ne prostitue pas impunément l'image du pays dont on a temporairement la charge.

 

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