Atlas d'une nouvelle Europe: EuroMed , l'avenir d'une coopération commune autour d'un lac commun
Voici donc que la France et l'Italie ont décidé de
se pencher ensemble sur le projet d'Union de la Méditerranée proposé
par M. Nicolas Sarkozy, annonce le président du conseil italien Romano
Prodi.
La France et l'Italie vont en effet proposer une réunion aux sept pays dits
"euro-méditerranéens" pour "donner vraiment une signification au niveau
opérationnel à la politique de la Méditerranée, qui est prioritaire
dans notre action commune", a déclaré le dirigeant italien lors d'une
conférence de presse à l'issue d'un entretien avec le chef de l'Etat
français.
Les sept pays en question sont, outre la France et l'Italie, l'Espagne, la Grèce, Chypre, Malte et le Portugal.
Pendant sa campagne présidentielle, Nicolas Sarkozy a proposé une Union
méditerranéenne sur le modèle de l'Union européenne, au sein de
laquelle la Turquie, qu'il ne souhaite pas voir entrer dans l'Europe,
aurait selon lui un rôle "pivot".
"L'idée d'une réunion des
sept pays euro-méditerranéens sans se fermer aux autres, en les
informant et en laissant la porte ouverte, c'est une idée très forte",
a-t-il dit.
Nicolas Sarkozy et Romano Prodi ont cependant pris
soin de dire que ce projet d'Union méditerranéenne n'était pas conçu
comme une sorte de lot de consolation pour la Turquie.
"Pour
moi, Turquie ou pas Turquie, l'Union méditerranéenne est nécessaire", a
déclaré le président français. "Ce n'est pas uniquement en réponse à la
question de l'adhésion ou pas (de la Turquie), du statut de partenaire
privilégié ou du statut d'Etat membre que ça a été posé."
La vérité n'est pas que l'union méditerranéenne soit nécessaire : la réalité est en effet qu'elle s'impose d'elle-même. Pierre Beckouche, professeur à l'UFR de géographie de l'université Paris I-Panthéon-Sorbonne, est très clair à ce sujet: "Quel projet, écrit-il dans son "Atlas d'une nouvelle Europe", quel projet européen bâtir dans un contexte où la globalisation dessine de vastes régions dans le monde -Asie orientale, Alena, Mercosur...? Les voisins de l'Union européenne, en Russie, au Proche-Orient, au Maghreb sont (encore) très mal connus. Or ils forment avec elle un ensemble euroméditerranéen fort de 57 pays et de près d'un milliard d'hommes, soit une des régions majeures du globe."
Que disent nos deux protagonistes?
LA QUESTION TURQUE
"Je vous prie de ne pas penser que cette proposition que nous sommes en
train de formuler pour une grande politique de la Méditerranée est de
quelle que façon que ça soit un échappatoire pour résoudre le problème
de nos relations avec la Turquie", a renchéri Romano Prodi à l'adresse
de la presse. "C'est autre chose. Je ne souhaite pas que vous fassiez
une confusion entre les deux problèmes car on commencerait très mal une
grande aventure qui est celle de l'Euro-Méditerranée."
Nicolas
Sarkozy, lui, opposé à l'entrée de la Turquie dans l'Union européenne, a
réaffirmé qu'il ne souhaitait pas poser dans l'immédiat la question des
frontières de l'Europe pour ne pas prendre le risque de faire capoter
le conseil européen des 21 et 22 juin à Bruxelles.
"C'est une
question qu'on devra affronter un jour ou l'autre tranquillement et qui
va bien au-delà de la seule Turquie (...) La question des frontières se
posera aussi avec l'Ukraine", a déclaré le président français.
"Ma priorité c'est la réussite de la présidence allemande et du conseil
européen", a-t-il poursuivi. "Qu'est-ce que nous avons à
faire ? Essayer de sortir du blocage institutionnel (de l'UE). Si en
plus on posait dès le 21 et 22 juin la question des frontières, ce dont
on est sûr, c'est qu'on n'aurait pas résolu la question des frontières
et qu'on n'aurait pas résolu la question du traité simplifié."
"Pour le reste je n'ignore pas qu'il y a une question de négociation",
a-t-il ajouté, en faisant allusion à l'ouverture le 27 juin de nouveaux
chapitres dans la négociation d'adhésion de la Turquie. "Le véritable
rendez-vous est en décembre 2007 (...) et il y a des discussions en
cours de route là-dessus."
Selon son entourage, il se référait au conseil européen de décembre 2007, sous présidence portugaise.
Bonnes feuilles? Puisque l'Europe vous intéresse, vous lirez avec profit l'ouvrage suivant :
- "Pour un empire européen"
-
Auteurs :
Ulrich Beck - Edgar Grande
- Aurélie Duthoo
- Éditeur : Flammarion, Paris
Les règles sur lesquelles s'est bâtie l'Europe depuis cinquante ans
devraient être redéfinies, estiment les auteurs de cet ouvrage paru
sous le titre«Das kosmopolitische Europa»en 2004.L'Europe est aujourd'hui, en Europe, la dernière utopie politiquement active.
Mais nul n'ignore qu'un malaise profond la touche actuellement. L'Union
Européenne n'est toujours pas reconnue pour ce qu'elle est car elle continue à
être perçue dans ce cadre archaïque qu'est l'horizon national. Le processus
d'européanisation atteint un seuil critique. Dans cette situation, les réformes
institutionnelles comme l'élaboration d'une constitution européenne ne suffisent
pas. Il faut aller beaucoup plus loin, et repenser l'Europe.
L'Europe a besoin d'une nouvelle identité combinant trois éléments : une dimension
narrative qui permette de comprendre les réalités contradictoires de l'européanisation
; une nouvelle vision politique, ainsi qu'un nouveau concept politique
d'intégration, ces deux derniers éléments devant trouver leurs fondements
dans la narration de l'européanisation.
Contre le mensonge national, contre le mensonge néolibéral, contre le mensonge
technocratique, et contre le mensonge eurocentré, ce livre se propose de repenser
de fond en comble le projet d'intégration européenne.
Ulrich Beck et Edgar Grande n'affirment pas que le processus d'intégration
européenne est allé trop loin, que nous avons déjà trop d'Europe. Bien au contraire,
leur diagnostic est le suivant : l'Europe n'est pas assez européenne. La thérapie
s'impose alors d'elle-même : il nous faut plus d'Europe - mais une Europe bien
comprise ! C'est-à-dire un Empire européen démocratique.