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26 novembre 2013

Iran. Diplomatie nucléaire. Les véritables raisons d’un arrangement diplomatique.

 

 

 

« L’objectif de la guerre c’est de faire la paix»  Jean-Pierre Bois 

 

آفرین به ایران!

 از آنجا که امروز صبح آن را قوی تر و خودمان افتخار کنیم است!

 

Cette phrase, quelque peu dystopique, (« Hourra ou félicitations à l’Iran ! Depuis ce matin il est plus fort et plus fier ! ») pourrait bien être celle inaugurant la dépêche à venir de l’agence IRNA informant le monde entier - comme le fit en son temps le Général De Gaulle le 13 février 1960 à propos de la France devenue puissance nucléaire -,  de ce que « Ce matin, à 0h30, quelque part dans le désert du Dasht-e-Lut, l’Iran a expérimenté sa première bombe atomique. Une bombe A, d’une puissance de 100 kilotonnes, surnommée Samandar (le phénix) ou Atar (l’éclair) a explosé, faisant désormais de la République islamique d’Iran une puissance nucléaire à part entière! Allah-o-Akbar ! Réjouis-toi, ô Iran ! » etc.

 

Musique martiale, foules en liesse, défilés, commentateurs hystériques, nationalisme exacerbé, déclarations scandalisées des 5 + 1, des « Grandes Puissances », « breaking news » sur tous les media, réunion immédiate du Conseil de sécurité de l’ONU,  hauts cris de l’AIEA protestant de la « trahison » de la parole donnée, colère d’Israël, balbutiements des USA, rodomontades européennes, couinements apeurés des Pays du Golfe - soudainement redevenu Persique -, gros yeux de la Russie et de la Chine « mettant en garde » tout un chacun contre toute « réaction maladroite », chaleureuses félicitations adressées par la Corée du Nord, le Venezuela,  la Syrie etc. Et puis…plus rien. Car il ne se passera rien, n’ayez crainte, sinon que le monde continuera à vivre, le climat à se réchauffer, le système financier à ruiner les gens, la France à loucher vers le FN, la courbe du chômage à tendre indéfiniment vers son inversion, tandis que chacun continuera de regarder si la vie est plus belle et si les stars dansent bien.

 

« Tu n’as rien vu à Hiroshima. Rien. ». « Vous n’avez rien vu à Téhéran. Rien. Ni même à Genève ». Il ne s’est en effet rien passé de ce que l’on a dit ou cru qu’il s’était passé à Genève avec la République islamique d’Iran. Ni accord « gagnant-gagnant », ni ouverture, ni quoique ce soit d’autre de communément officiellement admis. La diplomatie est l’art de faire glisser les ombres là où il devrait y avoir de la lumière, c’est-à-dire d’inviter un observateur ou un analyste très attentif à regarder ailleurs. L’exercice a pleinement réussi. Malgré le satisfecit généralement proclamé, il n’est pas exclu que tous les participants à la Conférence de Genève soient en réalité beaucoup plus réservés sinon déçus, mais à tout le moins très conscients de ce qu’il est advenu de leurs échanges diplomatiques, à l’exception de l’Iran qui, malgré et à cause de cet accord intérimaire – comme on l’a ainsi désigné – a obtenu ce qui lui manquait le plus : du temps et de l’oxygène.

 

Etranglé économiquement, l’Iran aurait donc assoupli son intransigeance et sa position quant à son programme nucléaire ? L’explication demeure un peu courte, même si elle est malgré tout recevable.

 

C’est que dans une conception encore euro centrée intellectuellement, après 35 ans d’ostracisme qui auront vu se succéder le gel des relations avec l’Europe et les Etats-Unis sur fond de guerre Iran-Irak, de guerres Etats-Unis-Irak, de conflit en Afghanistan, l’Iran, puissance politique et économique, effectivement affaiblie par un embargo économique, a obtenu ce qui l’intéresse le plus, y compris ses anciens adversaires , à savoir sa réintégration non pas dans le concert des Nations - les états demeurent et l’on s’accommode des régimes -mais dans le concert économique mondial.

 

Il ne pouvait en être autrement, dira-t-on, chacun guettant les conditions de réouverture imminente d’un marché susceptible de faire miroiter des perspectives restaurées à des puissances économiques quelque peu anémiées, impatientes de répondre aux besoins d’un pays de près de 77 millions d’habitants, parfaitement éduqué, puissance industrielle établie qui n’attend à son tour que de pouvoir réintégrer le système bancaire et financier international et redémarrer sa propre économie étouffée par le triple train de sanctions imposées par les Etats-Unis d’Amérique, l’ONU et l’Union européenne.

 

Mais beaucoup plus que le temps, l’Iran a en réalité obtenu ce qu’il souhaitait - et que dans le fond les négociateurs du Groupe des 5 + 1 ont fini par comprendre qu’ils étaient  prêts à lui consentir de manière inéluctable -, à savoir une réunion diplomatique dont le but était d’entériner ce que chacune des parties savait parfaitement, sans vouloir ou non le reconnaître ou se l’avouer officiellement : l’admission comme un état de fait, irréversible, que l’Iran a de facto non pas atteint, mais bien franchi le seuil nucléaire.

 

La balance des avantages économiques mutuels est à ce point importante que rien ne peut désormais permettre d’envisager de manière sérieuse un nouveau gel économique à l’expiration du semestre de délai consenti dans l’arrangement diplomatique négocié à Genève, pas même au regard d’une expérimentation nucléaire qui, à notre avis, ne saurait non plus être sérieusement écartée dans la mesure où l’on imagine mal, vu son gigantisme et l’ampleur de l’effort financier qu’il a exigé, que le double programme de développement tant nucléaire que balistique développé par l’Iran depuis plus de trente ans puisse s’interrompre et être démantelé au moment où il a atteint sa pleine maturité.

 

L’Iran n’a rien concédé. Sa capacité industrielle nucléaire et les potentialités qui y sont attachées sont demeurées intactes. Rien ne permet d’affirmer de la manière la plus précise qui soit que l’on connaisse dans son intégralité le potentiel industriel de l’atome militaire iranien. D’où la conclusion qui s’infère le plus logiquement possible et qui veut que si l’Iran a accepté de négocier, au terme d’un jeu diplomatique remarquable, ce n’est pas tant au regard d’une situation économique  préoccupante, mais plutôt du fait que le programme nucléaire ayant réussi en dotant leur pays d’un instrument stratégique de souveraineté qui le met à l’abri de toute menace, les dirigeants iraniens savent qu’ils  peuvent désormais discuter de l’avenir avec des partenaires qu’il leur plaira de choisir. Il ya eu Nixon in China, il y aura Obama in Iran.

 

L’argument qui serait tiré de la nécessité de mettre un terme  au processus nucléaire chiite pour empêcher son rééquilibrage par un processus nucléaire sunnite est inopérant, les deux puissances régionales que constituent la République islamique d’Iran et le Royaume d’Arabie saoudite ayant pris une exacte mesure de la situation géopolitique somme toute parfaitement acceptable que pourrait constituer, au pire, une sorte de « guerre froide » de part et d’autre du golfe Arabo-persique et de ses six autres Etats riverains.

 

L’Iran économique et nucléaire, que celui-ci soit d’ordre civil ou militaire, ou les deux à la fois, s’inscrit très probablement comme la prochaine composante géopolitique, géoéconomique et géostratégique d’un renversement d’alliances dans la région.

 

Il convient plus que jamais de relire attentivement l’excellent ouvrage de Philippe Delmas intitulé « Le bel avenir de la guerre » et de méditer sur cette phrase : « La « paix nucléaire n’a pas existé » : c’est la guerre nucléaire qui n’a pas eu lieu. Les armes nucléaires ne furent pas des garantes de paix, elles furent des productrices d’ordre ».

N’est-ce pas le cas de l’Iran qui a parfaitement compris, eu égard à l’expérience acquise de ses relations avec les Etats-Unis et la Russie, ou encore de l’effroyable conflit qui l’a opposé durant huit années à l’Irak de Saddam Hussein, que, ainsi que l’écrivait le Duc de Lévis : « Les grand Etats peuvent se passer d’alliance et les petits ne doivent pas y compter » ?

Le sachant, l’Iran s’est légitimement donné les moyens de se protéger, de se faire respecter et d’imposer sa souveraineté comme telle. Comme l’ont fait avant lui la France et Israël.

 

De là à dire que l’économie puisse constituer un ordre naturel de remplacement, la marge est grande, mais l’idée vaut quand même d’être retenue, tout en conservant à l’abri cette puissance nucléaire dont tout semble porter à croire qu’elle rend intelligents ceux qui en disposent, précisément parce que la pure logique de la dissuasion est morte de son succès.

 

Est-ce à dire encore à propos de l’Iran que, malgré les apparences, personne n’a jamais vraiment été opposé à son entrée dans le club nucléaire ? Très paradoxalement, oui. A l’exception d’Israël qui, malgré des torts et une mauvaise foi indiscutables, a malgré tout des raisons plus que légitimes de s’inquiéter des bouleversements géopolitiques qui l’entourent et de l’animosité dont il est l’objet. Chacun a donc toujours su que l’entrée de l’Iran dans le club nucléaire était acquise car elle a toujours été inéluctable, comme cela a été le cas pour les pays détenteurs d’armes nucléaires signataires (comme l’Iran) ou non du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires. L’Iran a joué la montre et chacun l’a laissé faire.

 

Pourquoi l’Iran est-il venu à Genève ? Parce qu’il était prêt à arrêter le chronomètre. Ce qu’il a fait. Pour six mois.

 

(A suivre)

 

 

Notes et références :

 

http://www.lexpress.fr/actualite/monde/proche-moyen-orient/5-choses-a-savoir-sur-l-accord-sur-le-nucleaire-iranien_1302342.html

 

http://www.rue89.com/2013/11/26/nucleaire-iranien-aurait-pu-y-arriver-y-a-dix-ans-247868

 

Un « deal » pré négocié en relations bilatérales

http://backchannel.al-monitor.com/index.php/2013/11/7115/exclusive-burns-led-secret-us-back-channel-to-iran/

 

http://www.lepoint.fr/monde/nucleaire-comment-l-iran-a-renoue-avec-les-etats-unis-24-11-2013-1761279_24.php

 

http://www.washingtonpost.com/politics/congress/iran-nuclear-talks-said-down-to-fine-print-stage/2013/11/23/ea8d9c1e-54a2-11e3-9ee6-2580086d8254_story.html

 

http://www.romandie.com/news/n/_Accord_avec_l_Iran_les_Etats_Unis_ont_pris_le_risque_d_irriter_Israel72251120130701.asp

 

Ce n’est pas un accord, mais une invitation à pourparlers.

http://rechercheisidore.fr/search/resource/?uri=10670/1.ewpq68

 

L'Economie Politique de Développement de l'Energie Nucléaire en Iran (1957-2004)

Par : Nader Barzin

23 mai 2004  disponible sur http://tel.archives-ouvertes.fr/tel-00011311

 

http://mrzine.monthlyreview.org/2013/iran241113.html

 

http://www.irna.ir/en/News/80918859/Politic/Full_text_of_Iran-5_1_agreement_in_Geneva

 

http://www.iranintelligence.com/miloptionanly

 

http://www.webcrawler.com/info.wbcrwl.305.02/search/web?q=iran+nuclear+deal&cid=143225479&ad.network=g&ad.keyword=iran%20nuclear%20deal&ad.creative=30910820239&ad.position=1o1&ad.placement=&ad.matchtype=b&ad.aceid=&ad.ismobile=&ad.device=c&ad.devicemodel=&ad.segment=info.wbcrwl.305.02

 

http://www.washingtoninstitute.org/uploads/Documents/pubs/PolicyFocus121NuclearGlossary2.pdf

 

http://www.nytimes.com/2013/11/25/world/middleeast/israeli-leaders-decry-iran-accord.html?ref=nuclearprogram&_r=0

 

http://www.debka.com/search/tag/Iran%20nuclear/

 

http://www.usatoday.com/story/news/world/2013/11/23/iran-deal-five-things/3685621/

 

http://www.usatoday.com/story/news/world/2013/11/23/iran-nuclear-talks-deal-analysis/3689303/

 

http://www.commentarymagazine.com/2013/11/21/why-the-deal-is-bad-iran-nuke-breakout/

 

http://www.aljazeera.com/indepth/opinion/2013/11/us-iran-seven-questions-beyond-nuclear-deal-20131124791721502.html

 

http://www.businessinsider.com/obama-statement-iran-deal-sanctions-nuclear-program-2013-11

 

http://news.smh.com.au/breaking-news-world/iran-world-powers-in-interim-nuclear-deal-20131124-2y3oy.html

 

http://globe.blogs.nouvelobs.com/archive/2013/11/24/nucleaire-iranien-les-surprises-de-l-accord-513871.html

 

Nucléaire : Netanyahou à Moscou pour faire campagne contre l'Iran

Le Point.fr - Publié le 20/11/2013 à 18:10

Le Premier ministre israélien rencontrait le président russe au moment où les négociations internationales reprenaient entre l'Iran et les grandes puissances.

 

Nucléaire iranien : l'accord qui pourrait bouleverser le Moyen-Orient

Le Point.fr - Publié le 20/11/2013 à 17:19 - Modifié le 21/11/2013 à 11:41

Une issue négociée au dossier nucléaire iranien pourrait être la première pierre d'une étonnante coopération entre Washington et Téhéran dans la région.

 

20 novembre 2013-11-21Le guide suprême iranien, l'ayatollah Ali Khamenei, a déclaré mercredi qu'Israël est «voué à la disparition» lors d'un discours devant 50'000 miliciens islamistes réunis à Téhéran.

http://www.20min.ch/ro/news/monde/story/10016835

 

Dominique Mongin, Genèse de l’armement nucléaire français

http://rha.revues.org/7187

http://www.youtube.com/watch?v=3XSNTjNpzUE

 

Philippe Cadène et Brigitte Dumortier, Dossier Golfe Arabo-Persique.Nouvelle puissance mondiale ? Carto n° 9, Janvier-Février 2012, p. 10-21 http://www.carto-presse.com/?p=1162

Philippe Delmas, Le bel avenir de la guerre, Paris, Gallimard, 1995.

 

http://www.isisnucleariran.org/sites/weapons-fuel-cycle/

 

 

 

 

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