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15 décembre 2008

Le hold-up total : du « moment Minsky » au « Moment Madoff », ou la fortune intacte des pyramides de Ponzi.

Et la vertu sauvera le monde... Après la débâcle financière, le salut par l’« éthique »?, écrivait Frédéric Lordon, économiste (Raisons d’agir, 2003).

Les escroqueries sont éternelles, témoin le dernier désastre financier de Bernard L. Madoff Investment Securities LLC et de son dirigeant, Bernard L. Madoff, la « légende de Wall Street », le pontife du marché électronique Nasdaq dont il fut PDG…,  auteur présumé de malversations ayant révélé une fraude chiffrée semble-t-il à 50 milliards de dollars, arrêté, mais libéré après versement d’une caution de 10 millions de dollars (le 5000ème du montant évanoui). On respire…Un record français vient de tomber. Mais de manière beaucoup plus intéressante, ce que l’on appellera désormais « l’Affaire Madoff » pose des questions passionnantes sur l’histoire économique d’une planète financière qui n’a toujours rien vu, toujours rien compris, et pour laquelle il est évident que la crise actuelle n’est qu’un incident de parcours après lequel tout repartira comme avant. Alors, stop ou encore ? Conservons une Rock’n’Roll attitude.

Quelques balises sont pourtant nécessaires :

Ce que l’on peut appeler la « finance Ponzi » ou les « Chaînes de Ponzi » n’est jamais plus qu’une opération de « cavalerie » classique, laquelle se résume à offrir des retours sur investissements en utilisant des fonds frais apportés par de nouveaux clients souscripteurs, construisant ainsi de manière imagée et beaucoup plus exacte une pyramide qui finit mathématiquement par s’effondrer. Dans l’affaire qui nous préoccupe et qui n’est pas loin de fusiller l’ensemble des places financières encore valides, on propose de considérer deux paramètres, deux pistes de réflexion :

-Un paramètre économique, ce fameux « moment Minsky », du nom de l’économiste américain qui a défini ce point où les investisseurs surendettés sont contraints de vendre en masse leurs actifs pour faire face à leur besoin de liquidité, déclenchant une spirale de baisse auto-entretenue du prix de ces actifs et par voie de conséquence un assèchement de la liquidité. Nous y sommes. C’est en effet Hyman Minsky qui proposa en 1977, « avant le tumulte de la globalisation, un triptyque explicatif des bulles spéculatives, montrant comment la hedge finance – composée d’acheteurs « prudents » – s’empare la première de l’innovation financière, fixant un stade où l’investissement et les intérêts sont (normalement) couverts, puis cède la place à la speculative finance – composée de spéculateurs – laquelle détermine un deuxième stade où seuls les intérêts peuvent être payés puisque les flux sont insuffisants pour rembourser le principal, « jusqu’à ce que la finance Ponzi – fraudeurs en pyramide – sonne le glas puisque  les cash flows, inférieurs aux intérêts et au principal, imposent un refinancement impossible par la dette. » (Marcaragon, op. cit).

 -Un paramètre social, lequel découle directement du précédent, et qui pose l’interrogation majeure du devenir et du bien-être financier de la société française toute entière, toutes générations comprises, à un horizon qui se rapproche dangereusement et qui voit se dessiner, entre autres, le spectre de l’impossible financement du système des retraites et pensions par répartition dans lequel les anciens cotisants, devenus papy boomers, sont censés être financés par les nouveaux, lesquels, invités à travailler plus pour gagner plus, aimeraient tout simplement commencer par entrer sur le marché du travail et y être décemment payés.

Le débat est donc ouvert, ainsi que toutes les contributions utiles, sachant que la croissance financière se développe sur des promesses de rendement élevé sur des produits hyper risqués, aux modélisations informatico-mathématiques de plus en plus sophistiquées et totalement incontrôlables tant les ramifications entre les contrats d’assurance et les produits de titrisation d’actifs endettés se sont complexifiées à une hauteur inintelligible.

« Fondamentalement, la fraude était déjà dans l’oeuf néo-libéral », comme l’écrit très justement le commentateur d’un article du quotidien Libération (voir source ci-après) dont je cite le propos. D’aucuns parlent de bulles, mais la seule chose bien réelle dans ce monde fantastique qu’est la spéculation, c’est le ratio salaires/profits dans les PIB mondiaux : les salaires baissent et les profits du monde entier ont augmenté jusqu’à l’in(dé)chiffrable. Comment réagiront les masses plus ou moins dociles lorsqu’elles n’en pourront plus , ce qui est déjà le cas ? Que dire aux ménages surendettés, aux familles en difficulté, aux jeunes qui se retrouvent au chômage et sans perspective d’avenir ou d’espoir, ou encore à ceux dont le compte bancaire (quand ils en ont encore un) passe dans le rouge ? Comment vont réagir ces "classes moyennes" qui sentent de moins en moins confusément qu’elles vont littéralement morfler à brève échéance ?Voilà des questions qui doivent (devraient ?) agiter en ce moment les personnels politiques du monde entier., de l’Europe en général et de la France en particulier. En effet, il est plus difficile de produire des modélisations mathématiques sur la croissance des conflits à venir que sur des profits gagés sur l’endettement exponentiel des uns et des autres.

"Je pense, disait Thomas Jefferson, fin observateur du capitalisme naissant de la jeune République américaine,  que les institutions bancaires sont plus dangereuses pour nos libertés que des armées entières prêtes au combat. Si le peuple américain permet un jour que des banques privées contrôlent leur monnaie, les banques et toutes les institutions qui fleuriront autour des banques priveront les gens de toute possession, d’abord par l’inflation, ensuite par la récession, jusqu’au jour où leurs enfants se réveilleront, sans maison et sans toit, sur la terre que leurs parents ont conquis."

                                                                  Thomas Jefferson, 1802

Bonnes feuilles, bibliographie et sources :

Frédéric Lordon. Le Monde Diplomatique, septembre 2007 - « Quand la finance prend le monde en otage » - http://www.monde-diplomatique.fr/2007/09/LORDON/15074

Sur      les pyramides de Ponzi, voir :

http://www.paperblog.fr/519706/les-pyramides-de-ponzi/ , un excellent article publié le 17 février 2008 par Marcaragon

Sur Hyman P. Minsky, 1919-1996, voir le      compendium de son œuvre sous :

http://cepa.newschool.edu/het/profiles/minsky.htm

Voir aussi :

J

ohn Cassidy, « The Minsky Moment » [archive], The New Yorker

Justin Lanhart, « In Times of Tumult, Obscure Economist Gain Currency » [archive], The Wall Street Journal, 18 août 2007

Gilles Dostaler, 2007, Hyman Minsky et le capitalisme rongé par l’instabilité financière, Alternatives économiques, n°258 mai 2007

Citation http://www.liberation.fr/economie/0102305313-reaction-sur-apres-l-escroquerie-de-bernard-madoff-la-planete

Sur les Etats-Unis, l’excellent site :

http://etudes.americaines.free.fr/TRANSATLANTICA/2/intro_jr.html

 

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Commentaires
F
After read blog topic's related post now I feel my research is almost completed. happy to see that.Thanks to share this brilliant matter.
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A
Qui aura le courage de reprendre "le capitalisme, dernier stade de l'impérialisme", à son compte, sans passer pour communiste, ou défenseur du socialisme soviétique? La société mondiale a permis aux économies de se comporter en prédateurs, et de trahir l'idéal humaniste, fond de la pensée social-démocrate euroépenne. Les économies financières révèlent la vérité et la déception d'une société qui se pensait comme juste, une société mondiale qui avait le droit légitime d'entretenir les inégalités à l'échelle des continents. Quelle victoire pour l'anarchie et l'extrême-gauche! Le parlementarisme aurait bien de quoi douter, face aux nouvelles féodalités financières. Un dernière crainte: juqu'où se prolongeront les dégâts de cette crise?
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